Voici une conversation que j'ai eue avec Amélie, 28 ans, qui me disait :

« Je veux qu’on m’aime. Je veux qu’on n’ait rien à redire de moi. Jamais. Je veux être vue comme cette personne parfaite, qui fait tout bien. Je fais de nombreux efforts, tu vois, pour ne pas vexer, ne pas blesser. Je me remet en question, je travaille sur moi, et pourtant… je ne me sens pas mieux. 

Je m’engueule souvent avec mes proches… ou plutôt ça finit en crise de larmes parce que j’ai l’impression que personne ne comprend. Je me demande constamment si c’est ma faute, si je fais bien, si je devrais faire autre chose, différemment, et c’est crevant. J’en veux aux autres, franchement, de ne pas faire ce travail là sur eux. 

Je vais pas te mentir, je souffre, parfois, en cachette. Et pourtant, je suis plutôt quelqu’un d’épanoui, de souriant, j’ai de la gratitude pour les petites choses, je suis toujours là pour remonter le moral des autres, et globalement, je suis plutôt satisfaite de ma vie. Je suis à fond dans le développement personnel, ça a vraiment changé ma vie (d’ailleurs ton site est génial, chaque article est une bouffée d’oxygène). 

Alors qu’est-ce qui coince ? Ça n’a pas de sens. J’ai l’impression que des petites choses me pourrissent la vie.

Tu vois, par exemple, j’ai ne serait-ce qu’une sensation que peut-être, éventuellement, mon comportement n’a pas été exemplaire, je le prends mal. J’anticipe la remarque, je me replie un peu, et il suffit d’un mot, d’un regard pour que je me sente super coupable ! Et en même temps super énervée que la personne en face ne réalise pas tous les efforts que j’ai fait jusque là. C’est vrai quoi !!! Pourquoi me faire me sentir mal, pour une broutille, je suis super dégoutée.

Eh puis, comme je veux super bien faire, alors avant même qu’on me demande quoi que ce soit, avant même qu’on exprime le moindre besoin, eh bien je me propose d’aider, je suis là, au taquet, je prends sur moi, je fais les choses, je veux rendre service ! Même quand on ne m’a rien demandé. Surtout quand on ne m’a rien demandé. 

Résultat, je me démène comme pas possible, je fais des efforts, je me plie en quatre, je donne mon temps, mon énergie, je mets de coté d’autres choses, et… et… et… rien. En tout cas pas assez. 
Un merci avec un sourire. Et c’est tout.. c’est comme s’ils ne se rendaient pas compte les gens !! Tout ce qu’on fait pour eux. Moi je m’attendrais à des applaudissements, des mercis, qu’on m’invite à boire un coup, mais non « merci, t’es trop sympa ». Pfff.

Et c’est pas fini ! Attends je suis lancée, donc autant y aller à fond. J’ai envie de faire tellement de choses !!! Honnêtement, si je m’écoutais, ohlala, je serais spontanée, je ferais des trucs carrément fous, dans ma vie de tous les jours au quotidien, ou meme exceptionnellement ! Je prendrais l’avion pour visiter un endroit nouveau, j’entrainerait mes potes à la patinoire avec moi, je chanterais à tue tete dans le métro. Proposer des trucs, être spontanée, me laisser aller… mais il y a toujours… les autres. Parfois c’est mon mec, parfois c’est la famille, parfois c’est les potes. J’ai l’impression que si je me lache, ça va aller dans le sens inverse de ce qu’ils voudraient eux. Et moi, ben, j’ai pas envie de froisser. Je me dis que ça ne sert à rien les conflits, qu’il faut garder la positivité. Bref. Je fais des compromis, je m’adapte, je suis, et en attendant, je me retiens. Je me dis que l’harmonie est importante, et pour autant j’ai l’impression que mes envies, ce que je veux pour ma vie, mes rêves… ça me passe sous le nez ! 

Voilà, je t’ai écrit un long message, mais ça devait sortir. En fait, je suis tellement gavée de faire autant d’efforts qui ne paient pas.
Quand est-ce que je vais commencer à vraiment prendre soin de moi. 
J’essaie - je fais tout - gratitude, fierté, pardon - tout ce que tu nous répètes souvent. Et pourtant ça coince. Et je ne mets pas le doigt sur quoi. »

« Ma chère Amélie, 
Je comprends tout à fait comme tu te sens. Tu n’es pas la seule, crois-moi. Il y un nom pour ce que tu ressens. C’est le syndrome de la bonne petite fille. 
Quand tu étais plus jeune, comme beaucoup d’enfants, tu recherchais probablement l’harmonie. Tu ne voulais pas froisser, tu ne demandais pas grand chose (peut-être que tu demandais avant eh puis un truc s’est passé, eh tu t’es dit que ce n’était pas très poli), tu fais tout pour que les autres soient à l’aise et confortable. Et tu te dis « moi, je ne compte pas » ou bien « moi, c’est pas grave ». Ben oui, tu te gères toi, tu prends tes responsabilités. Conséquence, tu fais passer le bonheur des autres avant le tien.

Sauf que ma chère Amélie, il y a une responsabilité que tu n’as pas l’air de prendre : la responsabilité de ton propre bonheur. 
Ça va te paraitre dur à entendre, mais dans tout ce que tu me décris, tu attends que les autres - parce que tu leur donnes tellement - te donne ce que tu veux pour être heureuse. 
Or ils ne pourront pas.

Tu es importante Amélie, tu dois prendre soin de toi, toujours.

Voici ta prescription, à suivre à la lettre chaque jour :

1. Arrête de prendre les choses personnellement. Toutes les remarques ne sont pas là pour t’attaquer, parfois les personnes donnent simplement leur opinion, ou leur jugement, ou partagent un fait. Tu ES assez bien. Une petite remarque ne devrait pas te faire douter à ce point de ta valeur.
2. Ne propose pas ton aide quand on ne te l’as pas demandé. Cela t’évitera bien des problèmes, et tu ressentiras beaucoup moins de ressentiment. Fais-le si vraiment, au fond de toi, tu n’attends rien en retour et tu n’espères pas « paraitre sous un beau jour » en le faisant. Parce que faire/proposer des choses alors qu’on ne t’a rien demandé, et que tu n’en as pas profondément envie, c’est la porte ouverte à de la déception et du ressentiment. 
3. DIS, ce que tu veux, AFFIRMES, ce qui te fais envie, et arrête d’avoir peur de la réaction des autres. S’ils ne sont pas contents, ils te le diront. 

Qu’en penses-tu ? »

« Déjà, merci d’avoir mis le doigt sur ça. Ça me parle énormément, franchement, chaque mot résonne. Et tout ce que tu dis, je le sais, je le comprends, et je l’ai déjà lu à plusieurs endroits. Et pourtant je trouve ça super dur à faire, vraiment. Comment je m’y prends concrètement ? Je crois que j’ai besoin d’un coup de main sur ce coup là. »

« Carrément. C’est vraiment très difficile en fait. Car il s’agit de déconstruire un comportement que tu as développé pendant toutes ces années. Je crois que l’important, c’est d’avoir de bonnes fondations, et de mettre ensuite en place ces habitudes en pratique dans ta vie. Et tu sais quoi, ça tombe super bien que tu m’écrives, parce que j’ai créé un programme exprès pour ça. Il s’appelle… AUTO-KIFF.