Tout quitter pour devenir metteur en scène de théatre, Emile l’a fait – la suite (2/2)

Vous attendiez avec impatience la deuxième partie de l’histoire d’Emilie. La voici enfin ! Quand Emilie a écrit et mis en scène sa première pièce, son amour du théâtre s’est confirmé. Et pourtant elle ne voyait pas comment s’y prendre en pratique. Sur un coup de tête, elle est partie en Argentine. Elle nous raconte la suite:

Que s’est-il passé durant ton voyage en Argentine? Qu’a-t-il changé pour toi?

Je suis partie en Argentine de Janvier à Mars 2013. J’ai été responsable post-production sur le tournage d’Art Attack.  J’étais chargée du montage des vidéos après le tournage, pour les 27 épisodes de la saison. L’expérience a été géniale. Pendant ces deux mois et demi, je n’ai pensé à rien. J’étais complètement déconnectée. J’ai profité du moment présent et me suis bien amusée. Nous étions comme de grands enfants.

Je baignais dans la créativité, et il était impossible pour moi de rentrer et de faire la même chose qu’avant. Je ne me voyais pas rester assise à mon bureau une année de plus. J’avais besoin de créer. En rentrant à Londres, j’ai dit à ma boss que je ne finirai pas l’année chez Disney.

Au début, je voulais prendre une année sabbatique, mais mon emploi m’imposait de ne pas travailler pendant cette période. Je ne pouvais pas tenir un an sans activité professionelle, donc l’année sabbatique n’était pas une option. Je me suis dit que c’était peut-être un signe qu’il fallait quitter Disney.

Je crois au bon timing. Si je ne l’ai pas fait avant, c’est que je n’étais pas prête. Je ne regrette pas du tout d’avoir pris le temps. Je ne regrette pas les moments de frustration car ils étaient nécessaires pour en arriver là.

J’ai posé ma démission en Mars, pour un départ le 23 août.

Que comptais-tu faire?

Je n’avais pas vraiment décidé. Mais je me suis dit que si je voulais tout quitter, autant y aller à fond.

Avant de partir en Argentine, j’avais parlé avec une amie comédienne de monter une pièce pour Art Fabric. On hésitait entre deux grosse pièces: Un air de famille, et Le père noël est une ordure. On a voté, et Un air de famille a gagné. On en a parlé avec Echange Théâtre et nous avons décidé de monter le projet ensemble. Le spectacle a eu lieu en juillet 2013, avec 15 jours de représentation en français, et 15 jours de représentation en anglais. J’ai mis en scène la version française. C’était mon premier job de metteur en scène professionnel, avec de « vrais » comédiens.

Après la pièce, mon choix de démission a été confirmé. J’étais certaine de vouloir devenir metteur en scène, mais devenir metteur en scène n’allait pas payer les factures.

Qu’as tu décidé, alors?

J’ai posé une candidature spontanée pour être professeur de théâtre dans un centre culturel à Earl’s Court sans savoir s’ils recherchaient du monde. J’avais postulé un an plus tôt sans obtenir de réponse. Cette fois, ils m’ont répondu, et ils recherchaient quelqu’un! Donc mi-septembre, je commence en tant que prof de théâtre pour adultes et enfants de tous niveaux.

En même temps, j’ai commencé à écrire une BD, « Quand je serai grande ». Mon illustratrice travaille dans une école bilingue. Elle m’a proposé d’animer un atelier de théâtre pour les enfants de 3 à 5 ans, une fois par semaine. Dans la même foulée, une des mes amies a rencontré le directeur d’un centre de théâtre qui chercherait un professeur dans le futur.

Tout s’est s’aligné. Quand on est passionné et motivé, je pense que ça transparaît. Et j’ai plein d’autre projets.

Par exemple, j’ai toujours rêvé d’être guide touristique en français. J’ai même postulé à une offre. J’ai aussi toujours voulu faire des voix-off! Je vais faire une bande démo et essayer de faire des pubs, ou encore des voix off  de documentaires. Je travaille déjà avec la French Radio London. Ma voix passe plutôt bien!

Je suis également présidente du FBI (French British Improvisation), qui organise des matches d’improvisation. Nous avons organisé dix spectacles entre Novembre 2012 et Juin 2013, et on se déplace dans toute la France.

Mais mon gros projet est de monter ma propre pièce, mi mars 2014. J’ai acheté les droits pour le film français « J’me sens pas belle« . Elle sera produite par Art Fabric, probablement grâce au Crowdfunding également.

C’est une liste impressionnante! Quelles étaient tes plus grandes peurs en donnant ta démission?

J’avais peur de ne pas m’en sortir financièrement. C’est toujours une peur. Je n’ai aucune idée de combien je vais gagner. Une chose est sûre, je vais gagner moins que ce que je gagne en travaillant. Mais il est vital pour moi de partir. Cela dépasse l’entendement. Ce n’est plus une décision rationnelle. Je le fais pour ma propre santé physique et mentale. Si je ne le fais pas, je vais dépérir. Qu’est-ce qui peut m’arriver de pire? Trouver un autre job à la télé, ou rentrer chez mes parents!

Quels conseils donnerais-tu aux gens qui souhaiteraient changer de vie, mais se sentent un peu coincés?

Prenez le temps. Cela ne sert à rien de se précipiter dans une voie qui n’est pas la bonne. Il ne faut pas avoir peur de prendre le temps et de s’écouter. On dit souvent « carpe diem », mais je pense qu’il faut avoir un plan en tête. Quand j’ai donné ma démission, je n’avais pas d’idées, mais je me suis organisée pour obtenir un revenu en attendant de monter ma pièce.

A chaque moment de peur, demandez l’avis de vos amis. J’ai quatre amis proches vers lesquels je me tourne souvent. Ils vous connaissent parfois mieux que vous même. On n’est pas toujours objectif, on se laisse emporter par ses émotions. C’est là que vous aurez besoin d’eux.

Retrouvez la première partie de l’hisoire d’Emilie ici.

L’histoire d’Emilie vous a-t-elle inspirée? Vous aussi avez une passion à laquelle vous souhaitez vous consacrer? Racontez-nous dans les commentaires.