Devant la barrière – {un poème}

Je suis arrivée devant la barrière, épuisée.

J’ai demandé à L’Univers de m’accompagner.
En retour il m’a demandé d’écouter.

Alors j’ai écouté, obéi, et agi.

Sur le chemin, j’ai connu des moments de grâce, d’émerveillement et de paix, un soupir de relaxation : « enfin ! ». 

Et par moments j’ai été complètement ébranlée. 

J’ai perdu des collègues, amis, amants, 

Des personnes qui disaient m’aimer. 

Et à chaque moment de deuil, je me rappelais que tout était orchestré pour que je reçoive ce que j’avais demandé.

J’ai senti l’inconfort des schémas qui se défont. 

Des façons d’exister qui me protégeaient certes, et aussi qui me bridaient.

Qui m’empêchaient d’être moi, pleinement, car c’était trop dangereux.

Et le chemin m’a rendu assez brave, un pas après l’autre, pour oser exprimer ce qu’avant j’aurais bien longtemps caché.

Et certains n’ont pas aimé, voire même se sont sentis blessés.

Je me suis même demandée si ça valait le coup de continuer. 

Or, sur le même chemin il y avait des personnes qui m’encourageaient, 

Alliés, amis, soeurs, amours, présents depuis des années et avec qui, au fond, j’ai tout traversé.

Ils m’ont vu sous toutes mes formes, dans mes vulnérabilités. On s’est éloignés, disputé, ça a frotté mais jamais ça n’a cassé. 

Et avec eux, je peux être moi en entier.

Et heureusement…
Car sinon, 

Je ne sais pas, 

Comment j’y serais arrivée.

Le chemin est solitaire, et dessus, on doit être aimé. 

C’est paradoxal, certes, mais c’est la vérité. 

Sans cet Amour qui nous laisse être et vivre, 

Même dans les moments où on est fragiles, 

Alors on a envie de se replier, à nouveau rentrer dans les cases qui nous protégeaient. 

Ne rien dire ou faire, de peur d’être rejeté.

Or, un lien d’Amour vrai, ne rejète pas.
Il écoute, il comprend, il s’excuse et il pardonne. 

Il se remet en question et jamais ne se rompt.

Devant la barrière, j’arrive épuisée.

Je sais que c’est le résultat de la préparation pour recevoir ce que j’ai demandé.

Et qu’ai-je demandé ?

Oser.

Être moi, sans limites.

Prendre la place qui m’est destinée.
Oser me tromper.
Oser ne pas être parfaite.

Oser essayer.

Et oser être aimée. 

Comme ça.

Devant la barrière, je suis épuisée. 

Non pas parce que j’ai souffert et lutté, 

Mais parce que j’ai laissé la vie me traverser.

Je lui ai donné, enfin, la permission de me transformer…

En quelqu’un qui ne se plie plus en quatre pour se préserver.

Devant la barrière, je lève les yeux au ciel.
Je ne sais pas si c’est la dernière, 

Probablement pas.

Mais alors que mon corps s’habitue à cette nouvelle énergie en Moi, 

Je m’assieds devant elle, sur l’herbe

Je prends une belle gorgée d’eau et je déguste des fruits frais, 

J’écoute le chant des oiseaux et la brise dans les feuilles.

Et je dis : « merci ».

Merci à moi d’avoir choisi cette vie pour soigner les précédentes, 

Merci à mes amis et soutiens de m’aimer et m’apporter leur Amour et encouragement le long du chemin,

Merci à la vie de me faire confiance avec ce qu’elle m’a confiée.

Devant la barrière, je suis épuisée, 

Et je suis heureuse et fière.

Dans une minute, quand ce sera le moment pour moi, 

Je me lèverai, je ferai une prière, et doucement, je soulèverai le loquet de la barrière.

Restaurée, ressourcée, reposée, plus forte.
Et toujours, toujours, accompagnée.

• Lyvia