Hyper-vigilance…

Nous avons deux chiens, Pammy et Cookie. Ils ont à peu près le même âge mais pas la même histoire.  

On a adopté Cookie quand il avait deux mois et demi. Toute sa portée avait été abandonnée chez le vétérinaire. 
Il était le plus petit, et se faisait chicoter par ses frères et soeurs, ainsi il avait été séparé d’eux pour être sûr de bien manger et rester en forme. 

Pourtant Cookie était toujours joyeux et voulait jouer avec tous les animaux du veto.

On a eu Pammy il ya deux mois (surnom de Pamela). On n’a aucune idée de son passé ou de comment elle a grandi.
Elle était seule dans notre quartier et est tombée amoureuse de Cookie lors d’une de ses balades. 
Elle a commencé à le suivre, ils ont joué à travers la barrière, et un jour elle s’est infiltrée via notre portail et dans la maison. 
On a décidé de la garder 🙂 

Après les repas, Cookie va souvent s’allonger, repus. 
Pammy elle, cherche. Elle cherche de la nourriture partout dans la maison, alors même qu’elle vient de manger.

Elle le fait de moins en moins mais pourtant, c’était assez marquant.

Quand Pammy mange, elle mange très vite et lève régulièrement la tête pour regarder derrière et voir si quelqu’un s’approche.
Elle a peur qu’on lui prenne sa gamelle. 
Cookie lui, n’a pas cette peur. Il mange lentement et ça arrive parfois que Pammy finisse avant lui et vienne sniffer son bol.
Souvent, il se pousse juste tranquillement de côté et la laisse manger avec lui.

Cookie n’a pas peur de manquer de nourriture. 
Il sait, avec le temps que ses besoins seront remplis. 
Avant que Pammy soit là parfois il ne finissait même pas sa gamelle, un peu comme les chats, il grignotait à sa guise.

Pammy est hyper-vigilante. 

Je ne sais pas ce qu’elle a vécu dans la rue, mais j’image qu’elle a dû se battre pour avoir sa nourriture. 
Ça voulait sûrement dire la chipper, la manger très vite au cas où d’autres chiens peut-être viendraient.
Elle était très maigre quand on l’a trouvé. 

Elle ne mangeait certainement pas à sa faim et la première fois que je l’ai nourrie, c’est comme si elle pouvait manger des bols entiers sans limite. On a dû lui donner des repas par petites portions, 4 fois par jour, à la main, pour ménager son estomac.

Pammy n’est pas détendue par rapport à la nourriture, et même si cela fait maintenant deux mois qu’elle est avec nous, elle a encore un peu peur de ne pas savoir d’où viendra son prochain repas.

Nous les humains, sommes pareils.

Quand nous savons que nos besoins – qu’ils soient relationnels, sexuels, matériels – seront remplis, nous sommes détendus, notre système nerveux est apaisé.

Quand nous ne somme pas sûrs que nos besoins seront remplis, alors nous vivons dans l’anxiété : « je ne sais pas ce qui va se passer, ce qu’on va me faire, me dire, me donner, je ne sais pas ce qui va arriver, donc je me protège au max pour ne pas manquer. » 

Et quand on me donne, je prends. Et parfois quand on ne me donne pas, j’exige.
Souvent cela va nous pousser à avoir des comportements déviants, qui ne sont pas alignés à notre serénité.

Par exemple, on va fuir certaines relations, ou au contraire insister et s’accrocher à d’autres.
On va pousser certaines personnes dans leurs retranchements pour obtenir ce qu’on veut, ou s’éloigner ou être déçus quand on ne l’obtient pas.
On va avoir de l’urgence dans le corps, vouloir agir, faire des choses, pour s’assurer que les choses iront bien. 
On va vouloir que nos besoins soient remplis. Par tous les moyens.

Nous ne serons pas relax ou détendus mais plutôt tout le contraire. 
Nous aurons constamment peur que notre situation change, et de ne plus avoir assez.

Et parfois pour apaiser cette sensation, on va se lancer dans des comportements boulimiques, et absorber le maximum qu’on peut de peur de manquer plus tard.

Cette hyper vigilance, le fait de regarder par dessus notre épaule constamment, d’être à l’affût, de ne pas être serein.e, elle vient à la fois de ce qu’on a vécu et aussi de comment nous avons appris à nous réguler.

La bonne nouvelle c’est qu’elle peut se soigner.
Notamment dans un premier temps en co-régulant.

En essayant d’être dans un environnement où nos besoins sont remplis.

Pammy perd peu à peu son habitude car deux fois par jour aux mêmes horaires sa gamelle est remplie. 
Elle a confiance.

Et pour nous ? Qu’est-ce qui pourrait nous aider à nous sentir en sécurité ?

Cela peut être se rapprocher de personnes qui nous aident, qui nous soutiennent et qui nous encouragent, et réaliser que nous ne sommes pas seuls. 

Et parfois, quand ce genre de soutien est inaccessible sur le moment, on peut co-réguler avec la nature ou des forces plus grandes que nous.

Se connecter à la stabilité du sol qui est toujours sous nos pieds. 
A la vision d’un arbre aux racines bien plantées. 
Au bruit du vent et à sa force : il trouve toujours un endroit par où passer. 
A l’eau qui malgré sa fluidité nous laisse flotter sur elle.
Ou dans les divinités dans lesquelles nous croyons.

Peu à peu, nous apprenons à notre corps qu’il est en sécurité.

Que ses besoins seront remplis, et qu’il n’a pas à paniquer.

C’est un processus qui peut être long et qui peut prendre la forme d’une petite routine.

Une pratique que je fais avec mes clientes sur le sujet des besoins consiste notamment à se répéter des phrases.
Un extrait :

« Je suis ici.
Je suis maintenant.
Je suis important-e.
Je mérite que mes besoins soient nourris. »

Et en répétant ces phrases, une main sur le ventre, on peut réaliser que même si ‘mentalement’ on ne sait pas comment nos besoins seront remplis, la source est là, quelque part autour de nous, ou en nous. 

Et qu’au final, tout va bien se passer 🙂 

A ton système nerveux bien régulé.

Tu es en sécurité.

Le chemin pour que tes besoins soient remplis existe.