L’écriture érotique

Aujourd’hui je te partage une réflexion quant à mon écriture.
Il y a plusieurs messages dans ce message.
J’espère qu’un bout de lui t’inspirera.

Cette année était un peu laborieuse pour moi quand il s’agit de mon écriture de fiction.

Fin 2021, j’ai écrit en 6 semaines le brouillon du deuxième tome de ma série de romans (l’histoire de Jess, après Ella).

Et je me suis mise en tête que pour sortir le deuxième tome, il fallait que je m’assure que le premier soit bon, aussi bon qu’il puisse l’être.

Je l’ai fait relire par une professionnelle, et en effet, il pouvait être amélioré. 
Notamment pour rentrer dans un genre plus clair, défini (en écriture, tous les éditeurs ont une question principale : où va ce livre sur l’étagère ?).

Avec les commentaires, très pertinents, je me suis relancée dans une réécriture de Ella, mon premier roman.
J’ai rajouté des scènes, changé la structure, rajouté un point de vue, je suis passée de la 3ème à la 1ère personne du singulier, j’ai changé le passé en présent.

(Oui c’est autant de travail que ça en a l’air !)

Mon livre ne rentrait pas dans les cases – il y a un peu de romance, de l’érotique, du développement personnel mais pas un angle tranché.

Voici les codes des genres :

Si c’est de la romance, il faut mettre plus d’interactions entre les personnages principaux, et c’est mieux si les scènes de sexe sont surtout entre eux.
Si c’est de l’érotique, alors il faut plus de scènes de sexe, et souvent c’est entre deux personnages qui tombent amoureux 
Si c’est du développement personnel, alors il faut enlever le sexe ou le rendre plus suggestif.

Je suis partie sur de la romance érotique. J’ai réécrit la moitié du livre, ça revenait 50000 mots. 
Cette réécriture était… laborieuse. Parfois je l’ai faite en grinçant des dents.

Écrire n’est pas une chose facile. 
Mais alors réécrire, argh. 

C’est comme prendre une maison qui est déjà pas mal, et vouloir refaire toute la déco mais sans casser aucun mur. 

C’est tellement plus facile de partir d’une page blanche.

Tout de même, j’ai fait l’exercice, et j’ai écrit de très bonnes scènes dont je suis fière, mon écriture s’est améliorée.

J’ai trouvé une autre personne qui fait de la relecture professionnellement, et qui pouvait me faire un commentaire sur le manuscrit en cours.

Ok, on sentait le genre, on était bien dans de la romance. 

Mais…. Il y avait tout un tas de choses à enlever, modifier, affiner.

Choses qui n’étaient même pas dans mon manuscrit initial, et que j’ai rajoutées.. pour le rendre meilleur.

En lisant tous ces commentaires, j’ai réalisé une chose.

J’avais un choix devant moi. 

Soit garder mon livre tel qu’il est, et passer à autre chose.

Soit le réécrire totalement et ce ne serait pas le même livre.
On en revient à la question cruciale : qu’est-ce je veux vraiment ?

Est-ce que je veux un livre excellent techniquement, et qui rentre bien dans les cases, qui a du coup plus de chances d’être lu et compris.
Ou est-ce que je veux juste… écrire, m’exprimer, dire ce que j’ai à dire ?

La réponse est quelque part entre les deux.

Je veux écrire, m’exprimer, comme j’ai envie, sans me sentir enfermée.

Et… je veux être excellente et continuer de m’améliorer. Dans mon style. Dans ma voix. Avec un angle propre à moi.
Tu vois la nuance ?

Pas m’améliorer pour les autres et être acceptée au global.
Mais m’améliorer pour explorer encore mieux ce que j’ai envie d’explorer.

J’ai laissé tout ça mariner plusieurs semaines, avant de repenser à mon manuscrit il y’a quelques jours.

Qu’est-ce que je veux vraiment ?Très honnêtement, si je devais écrire surune chose ce serait quoi ?

Et pour être 100% honnête avec toi, ce serait des scènes de sexe.
C’est fascinant pour moi.

Juste la rencontre d’une ou plusieurs personnes et penser à toutes les façons d’exprimer leurs ressentis et émotions via le corps.

Forte de ces admissions, je me suis lancée dans une recherche sur Google, sur desconseils pour écrire de la bonne fiction érotique. 

Et j’ai trouvé un monde de possibilités, bien au delà des cases, tout en restant dans un cadre qui touche un lecteur.
Je n’ai pas trouvé, j’ai (re) trouvé, des choses que je comprenais déjà intuitivement.

• L’érotisme, c’est un chemin excellent pour explorer les émotions humaines, dans ce qu’elles ont de plus vraies. On a pas de faux semblants, dans tous les sens du terme, il y a de la nudité, et dans cette nudité, s’expriment des choses qui s’expriment dans peu d’autres domaines.
• L’érotisme, c’est aussi explorer le sombre, l’interdit, «  l’underworld ». D’ailleurs une proportion d’auteurs érotiques écrit aussi de l’horreur, car les deux permettent d’aller loin dans le psyché humaine. Je n’avais pas fait le rapprochement, et c’est vrai que j’aime lire de l’horreur de temps en temps.
• L’érotique ne nécessite pas de romance, de happily ever after, mais l’émotion sera toujours là
• L’érotique est créatif. Tous mes fantasmes, toutes les choses que j’imagine et que je ne ferais probablement jamais, je peux les faire exister sur papier
• L’érotique est une échappatoire, lire du sexe c’est lire autre chose que nos tracas du quotidien
• L’érotique EST du développement personnel. Un bon livre érotique fait évoluer ses personnages au travers du sexe —> c’est ce que j’avais dit à l’une des femmes qui m’a relue : « Je veux écrire des histoires sur des personnes qui trouvent la voie de qui elles sont vraiment, via la sexualité ». Ce n’est pas courant, certainement pas en France, mais ça existe.
• L’érotique pourrait être du porno, mais ça n’en est pas, car on s’inscrit tout de même dans une histoire, du mouvement, des événements. Aucune scène de sexe n’est gratuite.
• Et l’érotique est marrant, fun à écrire ! C’est simplement amusant.

• Aussi : l’érotique n’a pas à être monogame, du sexe exclusif entre deux personnes. Je me suis faite la réflexion d’à quel point la romance, et la fiction en général, montre des relations exclusives. Les personnages ont rarement plusieurs partenaires, et si c’est le cas, cela est vu comme étant négatif pour eux. Or mes personnages à moi ont tendance à aimer faire l’amour avec plusieurs plusieurs, c’est sur le chemin d’exploration. Même si étant monogame moi-même je penche plutôt vers le fait d’avoir un partenaire principal à la fin, à partir de quand les cases sont en fait trop petites ?  Qui remet en question ces clichés du ‘grand amour pour la vie’, quand il y a tant de possibilités de relations. 

J’ai lu quelque part que les triangles amoureux ne marchent pas très bien en romance, et c’est ce que m’a dit ma première éditrice. On aime pas être distrait du partenaire principal, de l’homme fabuleux dont la femme tombe amoureuse (car la romance est souvent hétéro aussi, mais ça change). 

Et moi j’ai réalisé que ce n’est pas *lui* qui m’intéresse. C’est elle. Son chemin à elle. Et si ce chemin passe par explorer l’amour et la sexualité avec plusieurs hommes dans le même livre, alors très bien.

J’ai décidé de me remettre à écrire ma fiction en me focalisant sur ce que je veux faire moi. 

Dans un style hybride de plusieurs choses, et je l’assume car de mieux en mieux je le comprends.

Je veux écrire des livres qui via la sexualité et le soin des blessures intérieures fait avancer mes personnages. 
Je ne veux pas nécessairement écrire le grand amour à la Hollywood, à part si c’est le grand amour de soi. Et je suis prête à ce que ça évolue, bien sûr.

Ça n’empêche que je veux être meilleure, je veux faire très bien, excellent même.
Dans MA case.

Je veux que mon livre, même s’il est hors genre, crée un superbe effet sur mes lecteurs.e.

Et cela passe par écrire, souvent, comme je veux, dans le style que je veux.