Une vie sans lundi #109 – Savoir laisser partir : ce que mes livres m’ont appris
Après un début d’année intense pour JMC, cette semaine, mon corps n’avait pas vraiment envie de travailler. J’ai repoussé ma ‘to do list’ à la semaine prochaine, et me suis laissée porter par l’énergie du moment. L’énergie du moment voulait regarder des séries, écrire un peu aussi. Il m’est venu tout le plan pour un prochain programme, dont je vous parlerai bientôt, et aujourd’hui (vendredi), j’ai eu envie de m’attaquer à un projet qui me trotte en tête depuis un moment : trier mes livres.
Je me suis laissée happer par la ‘Magie du rangement’ de Marie Kondo, sur les conseils de certains d’entre vous. Après avoir rempli 6 sacs poubelles de vêtements le week-end dernier, la prochaine étape, celle que je redoutais, consistait à m’attaquer aux livres.
Je dois vous mettre en contexte : les livres et moi avons une histoire très spéciale. Non seulement j’aime lire, mais j’aime posséder l’objet. Je m’attache non pas seulement au livre en lui-même, et à son contenu, mais à ce que la masse d’une bibliothèque représente.
Pour certains, il est difficile de se débarrasser de vêtements, pour d’autres, il est difficile de s’éloigner des personnes toxiques, et pour certains d’entre vous, il est difficile de laisser partir un job, ou une situation de vie, qui vous pèse. Pour moi c’est les livres, et c’est pourquoi je pense que cet article vous servira.
Me séparer de livres est probablement l’une des choses les plus difficiles à faire pour moi. En décidant de le faire, je me suis attaquée à un gros blocage et de nombreuses croyances :
Je ‘collectionne’ / j’empile / j’achète les livres de manière continue depuis plus de 10 ans. Avant mon tri, j’en possédais 400/500. A chaque déménagement, ils représentaient la moitié des cartons, sauf une dizaine dont j’arrivais à me séparer.
Ainsi, ce matin, ma bibliothèque ressemblait à ça (+les livres sur la cheminée) :
Faire cet exercice aujourd’hui n’était pas facile parce que :
- Comme on investit dans une relation, j’ai investi dans mes livres : de l’argent, du temps, de l’énergie, de l’amour.
- J’avais des projets pour ces livres, leur mission allait au-delà de simplement remplir ma bibliothèque aujourd’hui : je comptais en remplir une salle entière une fois que j’aurais une maison à moi, et les transmettre à mes enfants. Des centaines et des centaines de livres.
- Et puis, il y avait la fierté, l’ego. On me disait ‘wow, tu as beaucoup de livres, tu as tout lu ?’. Et je répondais nonchalamment : ‘oui, sauf l’étagère du haut’ (c’était ma ‘Pile à lire’).
L’investissement qu’on a donné, le futur qu’on s’était imaginé, notre égo : autant de choses qui nous empêchent de laisser partir ce qui nous pèse.
Sauf que… jusqu’à il y a peu de temps, je n’arrivais pas à accepter que cette masse de livres me pesait. D’où la première étape pour laisser partir :
1 – Accepter que cela nous pèse
Même si j’étais fière d’avoir pu collectionner et garder autant de livres, je dois dire qu’avoir deux rangées de livres par étagère, et chaque espace vide comblé d’autant de livres me donnait une sensation d’étouffement. J’ai pensé acheter une seconde bibliothèque, afin qu’ils soient mieux étalés, comme il faut, mais une part de moi savait que ce n’était pas la solution à ce problème.
Cette vision quelque peu chaotique et bordélique ne correspondait pas à ce que je voyais quand j’imaginais ma bibliothèque idéale (une salle dont les murs sont couverts de livres, qui donne sur une baie vitrée, qui donne sur un jardin, qui donne sur un petit ruisseau :-D).
Ma pile de livres à lire (tous les livres sur le dernier étage de la bibliothèque) comptait environ 120 livres. Il me faudrait 3/4 ans pour tous les lire, en étant à peu près assidue et réaliste, étant donné que j’en achèterais de nouveau.
Dans les 3 étapes pour se casser, je dis que la première étape c’est d’accepter que l’on n’est pas bien dans la situation. C’est aussi l’étape la plus difficile parce qu’il est toujours plus facile de faire l’autruche. Ainsi on n’a pas à passer à l’action !
Passer à l’action, c’est inconfortable et pénible. Il est beaucoup plus facile de faire semblant que tout va bien.
Alors j’ai accepté que cette bibliothèque telle qu’elle est n’était pas celle que je voulais. Je la visualisais avec un livre par rangée, et seulement les livres que j’aimais le mieux et je me sentais bien.
2 – Faire le tri et faire son deuil
Une fois la situation acceptée, je ne pouvais plus reculer. Il fallait passer à l’action.
Le seul critère pour trier était : est-ce que tenir le livre en main me met en joie ? Pas de rationalisation, pas de marchandage, pas de ‘mais je le lirai bien un jour’ ou ‘c’est un classique, je dois le garder’. La question simple était : comment je me sens quand je tiens ce livre en main.
‘Comment je me sens ?’ Ne serait-ce pas la seule question à se poser quand on a un choix à faire ?
Alors je les ai tous mis par terre, comme ça :
Et un à un, je les ai feuilletés. C’était assez émouvant comme processus. Je me suis rappelée certains passages qui m’avaient touchés à l’époque de la lecture, même pour des livres que j’ai lu il y a des années. Il y a des auteurs dont juste le nom me fait sourire, alors j’ai gardé tous les livres écrits par eux (hein David).
Eh puis il y avait les livres qui ne me faisaient rien, je ne m’en rappelais plus. Ma raison me disait de les garder, car en général, je savais que c’étaient de ‘bons’ livres. Mais ils ne m’ont pas touchés, alors je les ai laissés. Et quelques uns m’angoissaient carrément. Ils ont filé dans la boîte.
J’ai enchaîné avec ma pile de livre non lus. Marie Kondo préconise de se débarrasser de tous les livres qu’on n’a pas lus. Parce que leur moment est passé. Il fallait les lire quand on les a acheté car c’est à ce moment qu’on en avait besoin. Je comprends cette logique, et je pense qu’elle est vraie.
Mais je n’ai pas réussi à le faire. Alors j’ai suivi le même processus et je me suis rappelée comment je me sentais quand j’avais acheté certains, et puis d’autres étaient tout simplement très beaux et me faisaient plaisir. Alors je le les ai gardés. Et étrangement, pour la moitié, soit je n’ai rien ressenti, soit je me suis dit ‘honnêtement, je ne te lirai jamais’. C’était très libérateur. Je me suis débarrassée de la moitié de ma pile à lire et je me suis sentie légère, légère.
Faire le deuil de ‘ce qui aurait pu être’
Le plus difficile quand on laisse partir des objets, des personnes, des situations, c’est d’aussi laisser partir toutes les possibilités qui auraient pu y être attachées.
Quand on a du mal à quitter un job, c’est en général parce qu’on s’imagine que les choses peuvent s’améliorer. Ou on imagine qu’on peut tenir, encore un peu, et qu’ainsi notre loyer sera payé. Quand on a du mal à quitter une relation, amicale, amoureuse, ou une simple connaissance, c’est parce qu’on s’imagine ce que cela aurait pu donner si on était resté.
La vérité c’est que… il y a toujours une bonne raison de garder des choses, ou quelqu’un, ou une situation dans sa vie. Il y a toujours une bonne raison parce que sinon on aurait déjà tourné la page.
Le plus dur, c’est de choisir le meilleur – le meilleur du meilleur – pour nous, et d’accepter que ce qui n’est pas le meilleur pour nous, n’est pas nécessaire dans notre vie.
3 – Apprécier de n’être entouré-e que du meilleur et découvrir de nouvelles sensations
Après le tri, ma bibliothèque ressemblait à ça :
Ma pile à lire/à finir est désormais posée sur la cheminée. Elle est beaucoup plus effrayante qu’avant, et je sais que je lirai avec plaisir chacun de ces livres.
En moins de deux heures, je crois que je me suis débarrassée d’environ 200 livres, au moins.
Et voici ce que ça me fait :
Maintenant, je ne suis entourée que du meilleur. Du meilleur pour moi.
Pas pour un lecteur ‘classique’ qui voudrait en mettre plein la vue à ses amis. Ce n’est pas non plus la bibliothèque ‘idéale’ que je voudrais laisser à mes enfants. Pour preuve, il y a une grande concentration de Stephen King et de Sophie Kinsella – mais c’est la bibliothèque qui me va bien, à moi, aujourd’hui. Elle est parfaite.
J’en ai enlevé tout ce qui pouvait être ‘médiocre’. Pas dans sa qualité en tant que livre (en général je les choisis plutôt bien), mais en terme d’expérience que j’ai en les regardant, en les ayant autour de moi. J’arrive maintenant à voir chacun de ces livres sur leur étagère, et j’aime chacun d’entre eux.
Je suis convaincue que j’aurais pu aller plus loin dans le tri, et je pense que je le reproduirai, mais déjà, j’ai dépassé un gros blocage psychologique qui m’empêchait de me défaire de ces livres. Aujourd’hui, je peux dire : je l’ai fait !
Le fait d’avoir comme simple critère de tri une émotion a rendu le processus tellement plus ‘vrai’ et moins angoissant. Il permet de s’affranchir du passé, et de la raison pratique de posséder le livre. Il permet aussi de s’affranchir du futur, et de ne pas s’inquiéter de l’avenir de ces livres dans 10 ou 20 ans. Au contraire, se concentrer sur cette émotion permet de se focaliser sur le moment présent, et ce que ce livre, lu ou non, apporte encore dans notre vie maintenant.
Pendant longtemps, j’ai été des personnes qui se contentent du ‘moyen’. « Ce n’est pas top, mais ce n’est pas horrible non plus, donc ça passe » . Aujourd’hui je me dis que nous avons chacun le droit d’exiger le meilleur pour nous et pour notre vie. Le plus difficile, c’est ça finalement :
S’autoriser à n’avoir que le meilleur, ici et maintenant.
Même si ça veut dire mettre certaines choses de côté – des livres, des relations, des façons de penser. Même si le processus peut être un peu confortable et douloureux. Même si on a l’impression de passer à côté de quelque chose qui pourrait un jour être important.
C’est ce que l’on ressent maintenant qui compte.
Et l’urgence, c’est toujours de se sentir bien. Maintenant.
Et vous : qu’avez-vous décidé de mettre de côté et quel impact cela a eu sur vous ? Je suis curieuse de savoir.
Et si vous êtes geek de livres comme moi : est-il difficile pour vous de les laisser partir ?
Passez une belle semaine !
Continue ta lecture
Es-tu prêt-e à vraiment profiter de la vie ?
Reçois plusieurs fois par semaine un message pour t'inspirer, te motiver, et t'ouvrir à de nouvelles réflexions. Amour, sexualité, relations, argent, spiritualité : abordons tous les sujets, du moment qu'il s'agit de te sentir bien !
Renseigne ton nom et ton adresse et prépare toi à vivre une vie où tu ne tolères que le meilleur !
En t'inscrivant à cette newsletter, tu acceptes de recevoir les emails de Lyvia Cairo. Ton adresse email ne sera transmise à aucun tiers, jamais jamais jamais. Tu pourras te désabonner à tout moment en cliquant le lien contenu dans les emails ou en écrivant à hello@lyviacairo.com.
Je suis Lyvia Cairo
Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
Et je suis là pour t'aider à te sentir beaucoup mieux dans ta vie.