‘Mais, elle n’avait qu’à dire non’ – consentement partie 3 – 11 janvier 2018

Suite à mon dernier article sur le consentement j’ai lu des commentaires qui m’ont fait froid dans le dos.
J’y parlais d’une situation ‘zone grise’, celle dans laquelle tu ne dis pas non, et tu ne dis pas oui. Et qui résulte dans le fait que toi (femme, souvent) se retrouve dans une situation dans laquelle un homme (souvent) présume de ton consentement et va aussi loin qu’il veut tant que tu n’as pas su dire stop. Sans jamais vérifier avec toi que c’est ok.

Morceaux choisis :

‘Si on te demande pas ton avis quand tu es en désaccord avec quelque chose… tu dis non, c’est tout.
Je comprends absolument pas le concept de ne pas dire ce que tu penses pour ne pas déranger. Surtout dans ce domaine, ton corps, ta dignité.’

Quand ton corps a appartenu aux hommes pendant des centaines d’années, oui en effet, c’est difficile à comprendre comme concept.

‘Et puis, la femme a donné son consentement en acceptant d’aller s’enfumer avec un homme en tête à tête à son domicile qui plus est’.

En effet, si elle se fait violer c’est sa faute, pas vrai ? Comme une femme mariée qui se fait violer à répétition avec son mari. Elle n’a pas à s’enfermer avec !

Quand on a pas la force de caractère de dire non, on ne s’isole pas avec un inconnu’.

Cool, c’est noté.

‘Chérie! Ça c’est l’attitude des femmes de caractère. Sûre d’elles mêmes. Or, très peu aujourd’hui l’ont.’

Ah oui, donc c’est quand même un peu mort pour toutes celles qui n’ont pas cette fameuse force de caractère.

Petit manifeste pour ne pas se faire violer en trois étapes :
⁃ si tu n’es pas content, tu n’as qu’à dire non
⁃ tu n’as qu’à avoir la force de caractère de dire non
⁃ Si tu n’as pas la force de caractère de dire non, tu ne te mets pas dans des situations dangereuses.

Car en effet :
⁃ Si tu te mets en situation dangereuse c’est que tu as consenti, et là ben..je t’aurais prévenu.

Haaaaaan. J’ai compris maintenant !!!

Je suis dans la JUNGLE en fait. En face d’un lion qui si je ne sais pas ne PAS me trouver dans ses parages va me bouffer. Ben oui, il sait pas se retenir le pauvre, et moi je suis là à le provoquer.
C’est bien connu qu’un homme, si tu fais tout pour le provoquer, va te violer.
Comment ça tu veux qu’il te demande si tu es d’accord ? Tu étais d’accord il y a une heure.  
A quoi tu t’attends, toi aussi !!!

Je remercie les auteurs de ces commentaires car ils me permettent de déconstruire ce que l’on appelle la ‘culture du viol’ dans notre société. Ce qui crée ces commentaires c’est cette même culture du viol qui place la femme (ou la personne physiquement faible) en proie, le prédateur (ou la personne physiquement forte) en prédateur.

Et qui demande à la VICTIME de ne pas se foutre dans la situation de se faire attaquer.

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1/ Qu’est-ce que la culture du viol ?

Nous vivons dans une société patriacale. Cela signifie que depuis des centaines (milliers) d’années, le monde a été conçu sur le modèle du patriarche – homme – qui a le pouvoir. Ainsi le monde est conçu par les hommes et pour les hommes selon un modèle qui s’appuie quasi exclusivement sur les caractéristiques masculines :
Performance, façon linéaire de voir la vie et les projets, application de la force, etc.

Ces caractéristiques n’ont rien de mauvais quand elles viennent en soutien à des caractéristiques féminines :
Etre guidé par l’intuition, voir la vie de façon non linéaire, application de l’amour au lieu de la force, etc.

Mais comme la femme a le sexe ‘faible’ n’est-ce pas, la dominance physique a été vite prise comme une opportunité de la soumettre.

Dans un monde créé par les hommes et pour les hommes, l’homme, au lieu de donner (ce que son énergie masculine le pousserait naturellement à faire) prend, souvent sans demander.

Ainsi une position de dominé / dominant (que l’on retrouve dans les schémas de colonisation notamment) se met en place.

Et pour le dominant, si le dominé ne dit pas non, ne se débat pas, ne sort pas les armes, et bien… il est d’accord.

La culture du viol vient de ceci : qui ne dit mot consent.

En tant que dominant, si je veux ‘prendre’ et que tu ne dis pas non, ou si tu me mets en position de prendre (que tu me chauffes) et que tu dis quand même non… et bien je prends quand même.

Dans la culture du viol, il y a présomption de consentement. La position par défaut c’est : ‘elle veut’.
Donc si elle ne veut pas… elle n’a qu’à dire qu’elle ne veut pas.

Et c’est là que cela devient VICIEUX.

Car ce ‘dominant’ demande à cette personne ‘dominée’, qui a en elle des centaines d’années d’asservissement et de violences de S’IMPOSER face à lui.

Car les violences et humiliations faites aux femmes se transmettent, non seulement culturellement, mais énergiquement également.  

J’ai en moi toute une culture qui me montre que moi, femme, au quotidien, je vaux moins qu’un homme.
Et si ça ne sufffisait pas, j’hérite de la souffrance de ma mère, ma grand-mère, mon arrière grand-mère qui ont subi cette culture encore plus que moi.

Et la culture du viol me demande que MOI, la personne qui me suit faite rabaissée et humiliée toute ma vie trouve de la FORCE et du caractère pour dire stop la prochaine fois que ça arrive….
Sinon… eh bien on sera justifier de me rabaisser et de m’humilier encore.

C’est tordu. C’est tordu bien comme il faut.

« Les femmes de caractère sont rares » il est dit plus haut.

Mais qu’est-ce qu’une femme de caractère ?
Une femme de caractère est souvent une femme qui pour SURVIVRE dans un monde d’homme à développé des qualités masculines de performance, de contrôle et d’affirmation de soi, avec beaucoup plus de YANG là où il devrait y avoir du YIN.

Ainsi…
Ce que l’on me demande au fond c’est que…

Pour survivre dans un monde d’homme… je n’ai qu’à en être un.

La culture du viol et le patriarcat ont par conséquent eu cet autre effet pervers et vicieux : COUPER les femmes de leurs caractéristiques féminines à savoir le fait de s’appuyer sur l’intuition pour prendre des décisions (plutôt que la logique ‘rationnelle’), et le fait de jouer un rôle de guide et de lumière.

L’intuition, la créativité, l’amour, l’accueil ? Quelles sont ces caractéristiques qui ne servent à rien et sont rabaissées et sont valorisées.

Donc cette même culture qui me coupe de mon identité, de tous les outils qui pourraient m’aider à m’affirmer me dit que… si je ne m’affirme pas c’est ma faute.

Ah…. c’est presqu’à croire que quelqu’un a devisé ce système dans son coin et qu’après il est sorti de son bureau en disant : EUREKA ! J’ai trouvé le système parfait pour asservir TOUT en faisant comme si c’était la faute des personnes que j’asservis. C’est génial.

(A noté, dans la colonisation et l’esclavage, des mécanismes similaires étaient en place.)

****

2/ pourquoi il est difficile pour une personne ‘dominée’ de dire non à son oppresseur

Quand on a compris tout cela, on peut maintenant envisager que pour toute personne qui se trouve dans une situation difficile, il peut être difficile de dire non.
Même si ne pas dire non signifie qu’on va coucher avec nous sans notre consentement.

C’est simple : tu as PEUR de dire non.

Quand tu es déjà allé-e trop loin parce que tu as eu confiance, ou parce que tu ne voulais pas faire la chieuse (on te l’a assez répété que t’étais chiante et que tu te ‘prenais la tête’) il vient un moment où tu te dis :

Si je dis non, je suis morte.
Métaphoriquement ou physiquement.

Eh ouais.

C’est horrible, mais tenez vous bien.
Il y a la PEUR de dire non.

Si je dis non… est-ce qu’il va mal le prendre ?
Est-ce que cela va faire un scandale ?
Est-ce qu’il va me faire du mal ?

Et parfois, ce n’est même pas la peur qu’on se fasse agresser qui empêche de dire non.
C’est la peur de… contrarier.

C’est la même qui fait que tu suis un homme chez lui alors que tu le sens à moitié.
Que tu l’embrasses alors qu’il ne t’a pas demandé.
Et que tu finis par coucher avec en serrant les dents et en attendant que ce soit fini.

Tu as peur de contrarier.

Et cette peur ne vient PAS du fait de manquer de caractère ou pas.
Elle vient de TOUTE La construction d’une société dans laquelle on ne t’a jamais demandé ton avis et où tu n’avais pas le choix.

C’est seulement APRES que tu travailles sur toi, que tu déconstruis, que tu prends de la bouteille et que tu apprends à t’affirmer. Mais ce processus de déconstruction et d’affirmation de soi peut prendre des ANNEES.

Ce n’est pas une fille faible qui se fait violer. Faut arrêter les conneries !

D’ailleurs, personne ne se FAIT violer.
Quelqu’un viole quelqu’un d’autre.

Et pour la personne qui le subit, cette responsabilité d’être celle qui dit non si elle ne veut pas souffrir est complètement aberrante.

‘Elle n’avait qu’à dire non’ c’est oublier que quand tu dis pas non, c’est pas en général parce que tu n’as pas envie de dire non. C’est que tu as PEUR de dire non.

Et le pire, le pire, c’est que même si tu disais non, pour certaines personnes, le non, surtout quand la situation est déjà allée bien loin, peut provoquer et déclencher un retour de flemme encore pire.

Résultat, tu te retrouves à devoir ruser, mentir pour seul objet : FUIR.

C’est tellement Fucked Up…

***

3/ pourquoi il est injuste, dangereux et complètement CON de culpabiliser une victime

Ce que je trouve DINGUE c’est que l’on arrive à justifier le viol. Qu’on arrive à dire :
‘Elle aurait du dire non’
‘Elle n’avait qu’à pas porter cette jupe’
‘Elle a provoqué’

Nous sommes dans la jungle.
En face nous avons des prédateurs.
C’est ainsi à nous, potentielles victimes, de se démerder pour ne pas se faire attaquer.

Dire ceci, c’est dire : dans certaines circonstances, le viol est justifié.
Dire ‘tu n’avais qu’à dire non’, c’est aussi dire ‘si tu te fais violer ou attaquer ou malmener, c’est ta faute’.

Tu as provoqué le prédateur.
A quoi pensais-tu ?

Donc on entretiens ce schéma de dominé – dominant ou le dominant n’a aucune responsabilité et le dominant a lui toute la responsabilité de se protéger.

C’est ainsi. Un homme a son coco qui le gratte. Si tu le provoques, il va tout faire pour t’avoir dans son lit. A quoi tu t’attends.

La culture du viol nie aussi à l’homme sa capacité à aller au delà de son lui ‘animal’. C’est entretenu par l’industrie – les films, la musique. Comme je suis un homme, je prends, et c’est plus fort que moi.

Donc le chemin qui se présente à nous est un chemin de rééquilibrage.

Ou chacun, homme comme femme dans une relation hétérosexuelle n’est plus vu comme un animal ou une proie, mais comme un être humain.

Et dans laquelle la PRESOMPTION est celle du NON-CONSENTEMENT.

Tant que je ne t’ai pas donné un signal de OUI FRANC, même si je suis chez toi et que mes jambes sont écartées sur ton canapé, c’est non.

***

4/ D’ailleurs, qu’est-ce que le consentement ?

Il semblerait que la notion de consentement soit floue. Car d’aucuns croient que :
⁃ Parce que je suis allé chez toi, j’ai donné mon consentement
⁃ Parce que je t’ai embrassé, j’ai donné mon consentement à une relation sexuelle
⁃ Parce que je n’ai pas dit non, j’ai donné mon consentement
⁃ Parce que je suis joyeuse et souriante et échevelée, j’ai donné mon consentement
⁃ Parce que l’on dort dans le même lit, j’ai donné mon consentement.

NON.
NON.
NON.
NON.
NON.

Par défaut, je ne tai PAS donné mon consentement.
Ce n’est pas parce que je suis un être humain qui vit sa vie en faisant ce qu’il a envie et qu’il s’avère que cela me rend proche de toi que cela veut dire que je veux coucher avec toi.

Pour avoir mon consentement, tu as besoin d’un OUI FRANC.
Pas un oui timide, mais un oui FRANC. Un signal clair que je veux aller plus loin.

Par les mots : oui, j’ai envie, viens, prends moi
Par les gestes : je te retourne tes caresses, je vais un peu plus loin
Par l’énergie : je me rapproche de toi, je me sens en sécurité, tu sens qu’il y a un échange.

Si tu fais ATTENTION tu sauras. Et si tu n’es pas sûr-e, DEMANDE.

En général une fille / femme qui n’a pas donné son consentement et qui ‘fait quand même’ a une énergie distante, se protège, est froide, n’est pas entreprenante et ne va pas vers toi. C’est toi qui y va.

Alors tu peux prendre un peu de recul, voir si quand tu te retires, elle revient, ou bien elle s’en va.

Vérifier le consentement c’est LAISSER la place de dire oui ou de dire non.

Et si tu n’es pas sûr-e, demande.

Je sais que ce n’est pas hyper sexy pour un homme de demander. Certains de mes amis m’ont déjà dit que des femmes les trouvaient ‘mous’ ou faibles d’avoir demandé.
Je comprends, et c’est délicat. Mais il est super important que tu sois CERTAIN que la personne en ait envie.

Tu peux le faire en jouant : ‘j’ai envie de…. et toi N» (ça peut être super sexy chuchoté à l’oreille, crois-moi)

Tu peux faire comme j’ai dit plus haut, aller de l’avant, et parfois faire un peu pause pour vérifier que la vibe est bonne pour tous les deux. Si elle vient dans ton sens tu sauras que tu es sur la bonne route.

Et si tu n’es pas certain-e, DEMANDE clairement et sans menace et propose une porte de sortie : as-tu envie de faire l’amour avec moi ? Car si tu préfères, on peut attendre, s’allonger et discuter.

Pourquoi la porte de sortie ? Parce que si tu demandes, elle peut se sentir forcée de dire oui pour na pas contrarier (oui oui, bien sûr) alors laisse la place pour elle de dire non en montrant que cela ne crée pas de friction.

C’est le meilleur moyen de se sentir en sécurité.

Et rappelle-toi : même une petite amie de longue date ou une épouse peut ne pas consentir à chaque relation.
En laissant l’espace de ne PAS faire l’amour si elle n’en a pas envie, tu t’assures qu’elle se sente assez en sécurité avec toi pour te faire part de ses désirs par la suite.

Cela me fait penser à un prochain article destiné aux hommes : comment s’assurer du consentement tout en restant sexy. Ca te dit ? – mesdames si vous avez des suggestions, n’hésitez pas à les mettre dans les commentaires.

Voilà, ce fut long, mais cela devait être dit.
Partagez ce message à celles et ceux qui ont besoin de le lire !

Lyvia

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Je suis Lyvia Cairo

Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
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