La mort, mes ancêtres et moi

Aujourd’hui j’ai donné deux interviews.

Hier j’ai donné deux formations.
Et avant hier j’ai passé la journée complètement isolée des réseaux, juste moi et mon carnet.

Quand j’écris ceci, je sens que je suis dans un état paisible, pas particulièrement joyeux, pas particulièrement triste. Juste là.

Sur ces trois derniers jours j’ai appris beaucoup.
Et la première chose que j’ai apprise ou réapprise, c’est mon profond désir de documenter.

De documenter mes émotions, mes sensations, mes avancées. D’écrire ce qui est et ce qui vient. Pas parce que c’est intéressant. Pas parce que ça peut avoir un impact, mais simplement parce que c’est là.

Alors ce texte c’est juste moi qui note pour moi ce que j’ai appris de ces trois derniers jours. Un jour de silence, deux jours de transmission, avec plus ou moins de bruit du monde extérieur entre temps.

Jour 1 : jeudi

Mon écriture m’a emmenée à me questionner sur la mort. Le premier message venant des pages de mon carnet était celui-ci (j’avais posé à Dieu la question de ces deux mois d’isolation que nous vivons, quel est le sens de tout ça ?) :

« Si les choses sont long terme ce n’est pas grave. Qu’est-ce que deux mois dans toute une vie ? N’aie pas peur de mourir. La mort n’arrive pas par hasard. Et comme tout elle est inévitable. Rien que tu puisses faire ne peut la précipiter. Ou la ralentir. Je sais que c’est ta peur, la peur de la mort, la peur de la fin. Au présent la vie se poursuit. Une respiration à la fois. Le présent c’est tout ce qu’on a».

Je ne sais pas pourquoi la mort venait dans mes pages. Mais j’ai continué de creuser et j’ai compris. C’est la peur de la fin inévitable plus que la peur de la mort elle-même qui m’habite.

Si la mort devait me faucher demain, aurais-je fait assez ? Est-ce que je laisserais les choses dans l’ordre dans lequel j’aimerais ? Probablement pas.

Et j’ai compris qu’à ce stade de ma vie, ma plus grande motivation était ce que j’allais laisser derrière moi. Mon héritage. Legacy.

Mon héritage artistique. Tous mes textes, tous mes livres.
Mon héritage financier. Mon argent en ordre, prêt à être transmis et à fructifier.

J’ai construit le style de vie que j’ai voulu. J’habite dans une maison dans Paris, je voyage où je veux, je mange dans les restaurants que je veux. J’ai la vie que je veux. Et donc ? Maintenant que tous ces besoins sont remplis, l’envie de planter quelque chose de bien profond et de laisser quelque chose derrière moi.

Si je devais mourir aujourd’hui, je serais fière de ce que j’ai créé. Mais j’aimerais que mes ‘affaires’ soit encore plus en ordre.

Alors c’était assez simple de faire une liste de priorités avec trois actions principales dedans :
1- se connecter à Dieu (Dieu la femme, La Source)
2- créer des livres, autant que je peux (+ que les textes ponctuels, les livres se transmettent)
3- construire et faire grandir mon patrimoine financier.

Ceci dit réfléchir à la mort et au fait que les choses s’arrêtent m’a donné une certaine mélancolie. Une lourdeur que je ressens encore aujourd’hui et que j’embrasse car je sais que cet état d’être n’a pas fini de m’apprendre.

Je me sens grave. Je me sens aller dans des sphères plus lourdes, plus sombres, plus profondes. Je me sens creuser davantage. Et pour ça j’ai besoin d’un certain poids. Pas de légèreté.

Le lendemain je devais transmettre des formations à des clients.

Et je me suis dit : ai-je la bonne énergie pour le faire ? Car j’avais envie de venir avec la joie, la légèreté, mais à la place je venais avec la visite de mes ombres.

Et en échangeant avec une amie j’ai compris à quel point c’était ça aussi être dans ma vérité : c’était être dans l’énergie dans laquelle je suis, et que cela suffise. C’était ne pas essayer de contrôler l’énergie avec laquelle je suis pour transmettre. Mais venir telle que je suis avec l’énergie que j’ai.

C’est inconfortable pour plus d’un, quand je suis dans cet état mélancolique. On a tout de suite envie que j’aille mieux. Moi la première. Mais là, j’ai admis le fait qu’être + joyeuse et pétillante que cet état n’était pas forcément ‘mieux’. Qu’à ce stade précis c’était de la mélancolie dont j’avais besoin, et que c’était bien.

Jour 2 : vendredi

Le lendemain j’ai fait mes deux formations et je n’ai fait que ça. Je suis venue avec mon énergie et ma transmission, en me connectant à ce qui était vrai sur le moment. Je n’ai pas besoin d’être débordante de joie pour tenir un espace. Je peux le tenir également avec ma gravité : qui suis-je pour juger l’état dans lequel je suis ?

Et justement le fait d’accepter d’embrasser mon état d’être du moment m’a montré à quel point j’étais illimitée, à quel point j’avais la place d’exister, et à quel point il était possible de m’aimer, dans tous mes espaces émotionnels.

C’est en apprenant à m’aimer et à exister dans tous ces espaces que je peux créer et transmettre dans ces espaces, et que je peux aussi être là pour les autres.

Alors l’émotion est un état sous-jacent que je ne réprime pas, et qui est simplement une expression de moi.

Et alors les transmissions étaient belles et puissantes et nous avons connecté ensemble, et nous avons dansé et nous avons affirmé ensemble, et nous sommes allées encore plus loin dans l’acceptation de qui nous sommes.

Ce qui est le PLUS requis de moi quand j’écris, quand j’enseigne est une capacité de présence. Et à partir du moment où je peux être présente, alors tout va bien.

Ce jour là (jour 2) j’ai senti à quel point j’avais encore envie de silence. Je prends très peu de pauses et quand j’en prends c’est un peu difficile de me remettre en selle. J’ai envie de rester dans ma grotte pour toujours. J’ai envie d’être avec mes pensées et les écrire et un jour peut-être les partager.

Sauf que plus je transmets, plus j’ai l’espace de dire ce que j’ai à dire, et plus j’apprends.

Et cette idée de simplement documenter m’a allégée : ce n’est pas compliqué de juste transmettre ce qui est.

Pas besoin de ce mettre la pression que ça ait une certaine forme ou une certaine intention.

Jour 3 – Samedi.

Et c’est ce qui s’est passé dans une interview que j’ai donnée aujourd’hui. Sur le fait de développer mon entreprise en lien avec l’invisible.

J’ai simplement partagé ce qui était vrai. Sans intention aucune de ce vers quoi cela allait nous mener.

Cette notion d’héritage est puissante. Très. J’en suis venue à dire à cette femme que de nombreuses choses que je savais ne venaient pas de moi. Ne venaient pas de ce temps. Mais venaient de mes ancêtres dont l’ADN vibre dans chacune de mes cellules. Il y a des thèmes, notamment liés à la sexualité, qu’il n’est pas nécessaire qu’on m’explique longuement pour que je comprenne. C’est comme si j’avais toujours su. Une connaissance qui vient d’au-delà de moi. Une mission qui vient d’au-delà de moi aussi. Car parfois j’aimerais que ce ne soit pas mon sujet. Parfois je ne me sens pas la plus armée. Et pourtant je sens que c’est entre mes mains qu’on a mis les mots pour dire les choses. Les mots écrits. Les mots parlés. Les transmissions. C’est fondamentalement tout ce que je fais et qu’on me demande : me brancher sur une fréquence, capter et transmettre.

Mes ancêtres.

Je suis née aux Antilles. Une grande partie de mes ancêtres m’est inconnue à cause de l’esclavage et du commerce triangulaire. C’est comme si ma lignée s’était effacée avec la traversée de la mer, et ceci est et sera l’une des choses les plus injustes et cruelles que je trouve à cette époque de mon histoire : l’arrachée à la mer(e).

(Je fais une parenthèse, mais à toutes les personnes qui disent : “l’esclavage c’est fini, on passe à autre chose”, oui, l’esclavage tel qu’on le connaissait est terminé, mais ses conséquences sont loin de l’être. Et une conséquence que je vis est ressens personnellement est que j’ai été coupée de mes racines. Il nous a été enlevé quelque chose de fondamental que nous peinons aujourd’hui à retrouver : nos origines. Je ne sais pas et ne saurai jamais ce que cela fait d’être esclave, mais je sais que mon histoire ne commence pas à ce moment là, et s’il y a une rancune vraie dans mon cœur aujourd’hui, c’est d’avoir été coupée de mes ancêtres, de mes Dieux, de mes croyances, et de n’avoir pour me raccrocher que celles des personnes qui nous ont colonisé. Fin de la parenthèse).

C’était fait exprès, bien sûr. Mais la conséquence est que je ne connais pas mon héritage. J’ai des pistes et des intuitions de tous les sangs qui se mêlent dans mes veines. Mais rien de très précis. Ceci dit je suis sur le chemin d’en apprendre plus, je le sens. Remonter dans des millénaires, bien avant.

Tout ce que je sais c’est que les femmes avant moi ont souffert. Et que j’ai dans mon utérus la trace de nombreux destins violés. Avant-hier, le jour où j’ai creusé la mort, j’ai mis la musique et j’ai dansé. Et ma danse était emprunte de souffrance. De souffrance profonde dans la chair, le genre de souffrance où on prie juste pour que ça s’arrête. Et la souffrance était là, elle était là. Et on aimerait juste qu’elle nous traverse.

Cette souffrance ne venait pas de moi. C’était autre chose.

Et à la fois, je sens que quelque part, dans cette lignée, des femmes ont vécu libres, heureuses et joyeuses. Elles n’ont pas connu les corps brisés sur lesquels le monde s’acharne aujourd’hui. C’est quelque part aussi, je le sens. La joie, la pure joie, les rires, la connexion à la vie, au divin, au sacré.

Je me dis alors qu’il est temps que je fasse connaissance avec ces ancêtres qui ont tant à me dire. Une prochaine étape.

Je n’aurais pas beaucoup de regrets si je quittais la terre aujourd’hui. D’accord, j’aimerais avoir écrit plus de livres et laissé ma famille encore plus à l’abri. Mais bon. Ce qui devait être fait a été fait.

J’aurais, en fait, un seul regret : ne pas avoir été une ancêtre à mon tour. Bien sûr ma transmission est vaste et touche aujourd’hui de nombreuses personnes, y compris des enfants.

Mais je sens que mourir sans avoir été mère me rendrait triste sur mon lit de mort. Ce serait ce que ce serait bien sûr, qui est-on pour contrôler la mort ? Et encore une fois tout aurait été comme ça doit. Mais au delà de la capacité à relativiser, c’est le seul regret que j’aurais.

Je suis encore dans ma bulle, je n’ai pas trop envie d’interagir avec le monde à part dans les transmissions ponctuelles où j’étais présente, prête à capter et transmettre, avec l’énergie nécessaire.

Mais hors de ces moments, je me laisse être dans mon état et aller visiter ces endroits où je dois aller.

Je ne suis pas triste. Je ne suis pas particulièrement heureuse.

Je suis juste là.

Lyvia

Dans mon dernier roman, Je ne sais pas être une femme, j’explore le thème de la mort et du deuil. Malheureusement Amazon ne livre plus, mais tu peux commander le livre en Kindle, ou le mettre de côté pour un peu plus tard. Pour te le procurer, c’est par ici : https://amzn.to/2VPKrM6

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Je suis Lyvia Cairo

Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
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