Ce qui me travaille en ce moment

Trigger alert : racisme, injustice raciale, viol

Je me sens flotter. Je me sens légère. Je me sens vide.
J’ai dormi pourtant, mais mes nuits sont agitées de cauchemars en ce moment.

Tout change. Je change. Je suis assise dans le parc et la Guadeloupe me manque. C’est la première fois qu’elle me manque autant.

Une envie indescriptible de mettre les pieds dans l’herbe, de m’assoir au bord de la rivière et de manger une goyave.
Avec la pensée de la Guadeloupe vient la réflexion sur l’indépendance.

Je ne sais pas à quel point je peux endurer l’injustice.
L’injustice raciste.
L’injustice sexiste.
Je me sens impuissante.
J’en ai marre d’être interrompue dans mon élan par autant d’exactions.

Quand est-ce qu’on nous laisse tranquille ?

• Jacob Blake qui a a reçu 7 balles dans le dos par la police alors qu’il n’est coupable de rien, alors qu’il se dirigeait vers sa voiture, vers ses trois enfants, qui ont tout vu.
• Un homme blanc armé d’un AK47 qui tire sur une foule de protestants, plusieurs décèdent, plusieurs finissent à l’hôpital. Lui n’est pas inquiété, il est félicité.

L’étendue de l’injustice me distend le coeur…

• Les terres de Guadeloupe et Martinique empoisonnées par le chlordécone, causant handicaps physiques que j’ai vu dans ma propre famille, et probablement une recrudescence d’endométriose et de fibromes chez les femmes aux Antilles.
• Le procès de Keziah et de quatre autres militants aujourd’hui, pour violence contre la police. Alors qu’il a lui même été tabassé par la police. Sa maman qui a le même nom que ma maman…

Et ce n’est pas tout.

(#triggerwarning – viol)

• Au Brésil, une petite fille de 10 ans violée par son oncle, tombe enceinte. Les lois du Brésil très restrictives l’autorisent à avorter. Des adultes, évangélistes, manifestent devant la clinique et la traitent de meurtrière. La petite de 10 ans, pas le violeur. Pas celui qui lui a pris la vie, en la violant de ses 6 à ses 10 ans.
• En Israel, une adolescente violée par trente hommes à la chaine. Ils faisaient la queue à la porte d’une chambre d’hôtel alors qu’elle était en état d’ébriété. Ils sont passés sur elle pendant un week-end.

Injustice, dégoût, je ne sais que ressentir…

Et ça, c’est juste cette semaine. C’est trop. En même temps c’est minuscule par rapport à tout ce que les médias veulent nous montrer.

Le racisme. Ces agressions sexuelles.

Cette supériorité que certains blancs, que certains hommes, croient avoir sur le reste du monde, ça m’effraie, m’écoeure, m’exaspère.

Quelle est ma place, mon combat dans tout ça ?

Parfois, je me dis qu’être née dans une corps de femme noire, avoir subi agressions sexistes et racistes, suffit, j’ai droit au repos, non ?

Et le plus souvent je me dis que je n’ai pas ce luxe là. Que seuls les oppresseurs ont ce luxe-là.
Car que je le veuille ou pas, chacune de ces nouvelles tape dans mon système nerveux, et m’affectent.
Et après les moments de repos, viennent les moments d’actions. Inévitablement.

Nous prenons des décisions en famille, pour participer à ce travail anti-sexiste et anti-raciste, à notre échelle.
Nous prenons aussi des décisions, dans notre équipe, pour participer à ce travail anti-sexiste et anti-raciste, à plus grande échelle.

Le repos ne sera peut-être pas possible dans cette vie. La tranquillité d’esprit non plus.

Ainsi, nous alternerons des poches de joie, à des poches de combat.
Tout ça pour aller dans une direction.

Celle d’avoir le droit, celle de prendre le droit, de vivre libres, d’être nous-mêmes, dans cette société qui veut nous en empêcher.

Plein d’amour,

Lyvia

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Rendez-vous dimanche, à 15h Paris / 9h Guadeloupe

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