Pourquoi j’ai quitté mon métier il y’a 10 ans ?

Cet article concerne mon parcours d’entrepreneur.e, comment j’ai commencé et pourquoi j’ai quitté mon métier il y a (déjà) maintenant 10 ans.

Ça s’éloigne un peu des sujets habituels de la sexualité et de la résolution des traumas.

Si au contraire tu es entrepreneur.e ou entrepreneur.e en devenir, ce qui suit peut t’intéresser.

Si tu me suis depuis longtemps, tu connais peut-être mon histoire. Si tu nous a rejoint récemment, alors je suis ravie de te partager un bout de mon passé.

Remontons dans le temps, 10 ans en arrière.

Avril 2013 (wow).

J’habite à Londres, en collocation avec une de mes amies.

On a ce petit appartement lumineux dans un ex council-estate (l’équivalent des HLM, mais en plus mignon, avec des murs de briques rouges et juste deux étages).

Chaque jour, je vais au travail à pied ou en bus, et je prends le temps de marcher le long de la Tamise.

J’ai un métier que beaucoup envieraient – je suis consultante dans un des Big Four, dans la section Finance, et notre immeuble est une œuvre d’art où le chocolat chaud coule à flot.

Et pourtant, je suis malheureuse.

Je n’avais déjà plus envie de bosser en finance, mais quelques mois plus tôt l’équipe m’avait recrutée (avant ça j’étais sur plusieurs départements différents).

Le travail qu’on me demandait me semblait au mieux barbant, au pire inutile – on en parle du jour où j’ai du changer le format de titres sur 150 slides…

Des promesses n’étaient pas tenues – ce voyage à Barcelone pour rencontrer un nouveau client… euh non.

Et puis j’étais absolument nulle en networking ou en politique. Vraiment pas mon truc.

Je me rappelle ce mec avec qui j’ai pris un café, car je voulais m’insérer sur son projet, et je lui ai demandé : « est-ce que tu aimes ton métier ? ».

Et il m’a regardé quelques secondes comme si je lui avais demandé s’il avait vécu sur la lune. Il m’a répondu : « je ne dirais pas ça ».

Ah.

Le moment qui m’a le plus marqué, c’est quand j’étais sur un projet dans le nord de l’Angleterre, et je m’entendais bien avec l’un de mes big boss.

Bon, m’entendre bien c’était beaucoup dire. Ça allait quoi. Il était sur le projet du lundi au jeudi, le vendredi il voyageait pour rentrer chez lui, passait le week-end avec sa famille et revenait le lundi.

Je le voyais skyper ses enfants à 19 heures le soir alors qu’on finissait notre journée de travail.

Techniquement, il avait « réussi ». Associé dans une grande boîte, respecté, avec le salaire qui suit.

Mais ça me faisait très étrange qu’il ne voit ses enfants que le week-end. Et ce depuis des mois.

Je lui ai posé la question, et il m’a dit : « c’est comme ça, et puis, j’aime ce que je fais ».

Ah, au moins, lui il aimait.

Là où d’autres voyaient le glamour, et la réussite, et l’argent, je ne voyais que des sacrifices.

Je voyais des femmes qui devaient attendre 40 ans pour avoir un enfant, car sinon ça allait plomber leur carrière (elles me l’ont dit).

Je voyais un manque de représentation dingue aux niveaux plus élevés de la boîte, avec un associé (big boss) sur 30 qui était noir.

Je voyais des mamans payer des sommes exorbitantes pour la crèche de leurs enfants, tout ça pour continuer de bosser à plein temps – car le mi-temps ou même le 3/5eme était possible, mais alors tu finissais presqu’au placard.

Et moi j’étais là à corriger des power point pour rendre des banques plus riches qu’elles ne l’étaient déjà, en les facturant des sommes astronomiques injustifiables pour moi.

Je me disais que tout ça c’était… un peu un tas de merde quoi.

Pour le prestige, l’argent, la reconnaissance, un métier de “renom”, une place dans la société… mais au prix de ce qui comptait personnellement pour moi.

J’ai des amis qui se sont épanouis dans ce milieu, et qui sont restés longtemps, mais pas moi.

Je me sentais comme un OVNI dans cet environnement.

Trop douce, et trop dans les nuages.

Intelligente mais trop introvertie pour avoir les bons contacts et le bon networking.

Tellement que parfois, je rêvais de tomber malade.

Je me disais – si je tombe malade, pendant plusieurs semaines, je n’aurai pas à y aller. Si je me casse la jambe ça fera mal, mais au moins je passerai peut-être un mois dans le plâtre.

C’est intéressant ces pensées.

Je ne me disais pas – je vais démissionner – je n’avais pas le courage. Je me disais : un truc extérieur doit se passer pour que je me casse.
Et puis j’ai commencé à tenir un journal régulièrement – merci Julia Cameron et Libérez Vote Créativité

J’ai commencé à écrire beaucoup plus qu’avant, et un chemin s’est dessiné.

Brique par brique, de petites conversations en petites conversations, avec des amis, de la famille, des proches qui comptaient pour moi. L’idée m’est venue – j’allais me casser.

J’ai lancé mon premier blog – Jemecasse.fr – en juillet 2013. J’ai quitté mon job en octobre 2013

Et pendant un an j’ai vivoté en me disant que j’allais trouver un autre métier que j’aimerais.

Je ne pensais pas quitter mon métier pour devenir entrepreneure.

C’était pour les autres. Les gens carrés, ambitieux, qui avaient des business plan et des tableaux Excel (bon, en vrai, j’adore Excel).

Soyons honnêtes – quand on me disait ‘entrepreneur’, je voyais… des hommes, blancs, de plus de 40 ans.

Pas une petite nana guadeloupéenne de 25 ans qui adorait les romans d’amour.

Et puis de fil en aiguille, c’est ce chemin qui s’est construit.

J’écrivais mon blog, religieusement chaque semaine.

J’ai commencé à rencontrer du monde qui avait choisi cette voie aussi.

C’est devenu presqu’inévitable.

C’était cette indépendance, cette liberté, ou rien.

Malgré le manque d’argent au début, malgré le fait de ne pas savoir ce que je faisais, malgré les remarques extérieures que c’était une folie…

J’ai goûté à cette liberté de créer ma vie comme je l’entends, de ne me conformer à RIEN, d’être qui je suis pleinement, d’être AIMÉE pour qui je suis vraiment (merci à mes lecteurs !), et je me suis lancée.

Ce n’était pas facile, mais j’avais en tête cette phrase que je me répète tout le temps : « d’une façon ou d’une autre, ça va aller ».

Presque 10 ans plus tard, je me rappelle pourquoi je suis devenue entrepreneure.
Je me rappelle pourquoi j’avais quitté mon métier.

Ce n’était pas pour l’argent (même si c’est important !)

Ce n’était pas pour le prestige.

Ce n’était même pas pour sauver le monde.

C’était pour une seule chose : la paix.

Pour pouvoir me lever le matin sans avoir envie de tomber dans l’escalier.

Pour m’asseoir à mon ordinateur en me sentant libre de créer.

Pour me dire que si j’ai des enfants un jour, je pourrai les voir grandir.

Pour être moi pleinement, et être aimée pleinement. Et oui, parfois j’ai ressenti plus d’amour d’étrangers que de personnes qui partageaient ma vie. Et ça m’allait.

La paix, la tranquillité, ne pas avoir à me contorsionner. Être moi.

Et aujourd’hui, cette paix je l’ai vraiment dans le cœur.

Je pense que je m’y suis tellement habituée que je me débarrasse de la moindre chose qui vient la contrarier 🙂

Maintenant, je ne peux pas dire que je ne me suis pas égarée au fil du temps.

En 10 ans, j’ai parfois oublié ce qui comptait pour moi au début.

J’ai voulu prouver que je peux y arriver, de montrer que moi aussi je pouvais avoir du succès.

J’ai eu envie d’appartenir à certaines cliques, à certains groupes.

J’ai fait des erreurs au niveau relationnel, et au niveau financier.

Plusieurs fois, je me suis trompée.

Parce que je ne me faisais pas confiance, parce que je me disais que l’extérieur savait mieux que moi.

Mais heureusement, ça a changé.

Aujourd’hui, ma paix est la priorité.

Je n’ai rien à prouver à personne, je m’en fiche vraiment, sincèrement, royalement, car je sais que je suis excellente de toute façon 😀

Ce qui compte c’est l’amour que j’ai pour mon métier et les gens qui me font confiance.

Tout le reste, c’est un peu hors de mon radar.

Je repensais à ça la semaine dernière, à tout le chemin parcouru alors que les 10 ans approchent.

Et je suis heureuse de m’être reconvertie dans la sexualité, ça a changé ma vie d’entrepreneure, pour le meilleur ! 😀

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vague-tiret

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Je suis Lyvia Cairo

Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
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