Cet épisode de Grey’s Anatomy
Avec mon chéri, on rattrape toutes les saisons de Grey’s Anatomy.
Il y’en a 20 en tout, et je crois qu’on en est à la saison 17. Phew.
Si tu ne connais pas Grey’s, c’est un drama médical assez intense. Il s’y passe toujours des choses qui te font te redresser dans ton siège ou fondre en larmes.
Cette année il y’a un épisode qui m’a particulièrement touchée.
C’est l’épisode 19 de la saison 15 – « Silent all these years » si tu veux le regarder. Il est sur Disney+.
Attention :
Ce qui suit va te spoiler +
Trigger Warning – agression sexuelle.
Je te recommande de lire la suite seulement si tu es bien ressourcé.e et si tu es dans le mood.
L’histoire finit bien et je ne décris pas d’agression, mais certains points peuvent déclencher.
Une jeune femme noire, Abby, arrive dans l’hôpital. Elle a l’air complètement perdue.
Elle dit une phrase du style : « est-ce que tu as déjà eu une journée vraiment nulle » et un médecin, Jo Karev, lui répond que oui, elle a déjà eu des journées vraiment nulles.
Jo la prend en charge – c’est important de savoir que Jo est survivante de violence domestique et qu’elle vient tout juste de se libérer du joug de son ex-mari au moment où elle rencontre cette femme.
Abby est examinée, et Jo conclut directement : ses blessures sont cohérentes avec une agression sexuelle.
Et en effet, elle a des bleus au ventre, aux cuisses, on sent à travers l’image son corps meurtri, et vraiment, elle est cassée.
Il y’a plusieurs étapes dans l’épisode.
Au début, Abby refuse d’admettre l’agression. Jo (contre les conseils de sa supérieure qui recommande une approche plus douce) la pousse à faire un kit de viol qui permet de garder les traces. Elle dit non.
Elle dit (je traduis) :
« On sait tous que ce kit va finir à l’arrière d’une station de police et sera ignoré pendant des années.
Alors que je suis assise ici à me demander quand la bombe va détonner, attendant de voir si un jury de mes pairs va croire… va croire une femme qui porte une jupe un poil trop courte, qui a bu quelques cocktails de trop dans un bar la nuit dernière après s’être disputée au sujet de la lessive avec son mari.
Et tu sais que la tequila que j’ai bu fera que c’est ma faute, et celui qui m’a fait ça, peu importe ce qu’il a bu, ce sera son excuse.
Est-ce que ton kit les convaincra que je ne flirtais pas au bar? Si je leur donne mon histoire dans mes sous-vêtements, est-ce que ça leur prouvera à eux et à mon mari que je ne l’ai pas trompé ou imaginé toute une histoire juste pour sauver ma peau ? Alors, ton kit fait ça ? »
Tellement de choses dans cet épisode sont fortes et émouvantes. Je t’invite à le regarder. Mais voici ce qui m’a le plus marqué.
Jo finir par convaincre Abby de faire le kit, sachant qu’il sera gardé à l’hôpital et qu’elle peut choisir d’en faire ce qu’elle veut après, que c’est juste qu’une fois qu’elle est opérée, toutes les preuves seront parties et qu’elle n’aura pas le choix.
Le choix. On lui a proposé d’avoir le choix.
Abby choisit donc de faire le kit. Et s’en suit une scène hyper puissante.
Jo et Teddy, l’autre médecin, la prennent en photos, font des prélèvements.
Elle se tient droite, regard fixe, et à chaque étape, le medecin lui demande la permission : « je vais faire (telle procédure), est-ce que tu es prête ? » et Abby répond « Oui ».
Et je vois ce qu’elles font (les médecins) – elles réparent ses limites.
Doucement, elles lui redonnent le pouvoir sur son propre corps et sa destinée.
Abby refuse tout de même d’en parler à son mari.
On lui précise qu’elle n’est pas obligée. Encore une fois, c’est son choix.
Et finalement, après sa chirurgie, elle choisit de l’appeler.
Il arrive inquiet, et s’effondre quand il réalise ce qu’il s’est passé.
Abby lui dit tout, et je ne me rappelle pas comment l’épisode finit.
Mais je me souviens comment je me suis sentie.
Ce que j’ai ressenti au plus profond de moi, c’est l’espoir.
C’est l’espoir que cette femme, parce qu’elle a été prise en charge, parce qu’on a fait preuve de soin et d’empathie envers elle, parce qu’on lui a donné le choix…. Et bien, c’est l’espoir que cet événement ne la définisse pas.
On le voit sur son visage à la fin. Le fait de le dire à son mari, c’était accepter qu’elle n’était pas coupable, mais victime.
Et c’est le début de la guérison.
On peut parfois être « contre » le mot victime quand il s’agit d’agression, mais je peux vous assurer qu’il est important de reconnaître quand on a été effectivement victime.
Ça ne veut pas dire qu’on « reste » victime, mais quand quelqu’un nous a fait du mal, on l’est.
Et ensuite, je l’ai vu passer de victime à survivante.
Je l’ai vu partir avec son mari, et me dire : elle va avoir une vie après ça. Elle va avoir une vie belle, riche, comblée. Une vie avec du plaisir. C’est possible pour elle.
Parce qu’elle a eu le courage de reconnaître ce qu’on lui a fait.
Elle a eu le courage d’être vulnérable auprès de quelqu’un qui l’aime.
Et j’ai l’espoir. J’ai l’espoir qu’après ça elle aura une belle vie.
Et la deuxième émotion que j’ai ressenti c’est la joie. La joie pour elle, et aussi la joie d’avoir un métier qui me permet de faire ça, dans une certaine mesure, pour d’autres.
Ce n’est pas mon rôle de prendre en charge juste après un événement traumatique.
J’arrive souvent des mois ou des années après.
Mais ce n’est pas trop tard. Ce n’est jamais trop tard.
Toutes mes clientes n’ont pas subi des agressions sexuelles, mais certaines oui.
Et savoir que je peux apporter un peu de douceur et de force là où il y’avait une blessure, eh bien ça me rend vraiment heureuse et fière.
Je ne sais pas si c’était le meilleur jour pour envoyer cet e-mail, mais c’est ce à quoi j’ai pensé ce matin en me réveillant.
PS : en recherchant j’ai retrouvé une autre citation de l’épisode, je traduis :
« Quand il y’a un serpent venimeux sur notre chemin, on se fige. Quand on sent la fumée, on court. Quand on est face au danger, la peur prend le dessus et on réagit, désespérés de se sentir en sécurité. C’est biologique, primal.
Mais pour quelqu’un qui souffre de trauma, ce sont les choses de tous les jours. Une chanson qui passe dans un café. L’odeur de l’alcool à brûler. Des choses qui ont l’air banales, communes, convainquent notre cerveau et notre corps qu’on est en danger. Et il n’y a pas de chemin de sortie. Trop souvent le trauma est mis de côté comme étant dans notre tête. Mais la douleur est réelle. On la sent dans nos muscles, nos cellules, nos têtes. Et même s’il n’y a pas de solution magique, aucune pilule pour le faire partir, on peut demander de l’aide. Et on peut dire notre vérité, quand on est prêt.e ».
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Je suis Lyvia Cairo
Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
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