Le “chemin tout tracé” existe-t’il vraiment ? – UVSL #120

Cher lecteur, aujourd’hui je sors complètement de ma zone de confort. Je partage avec toi un texte que j’ai écrit d’une traite, il y a quelques mois, en me laissant porter – Si j’avais rationnalisé, je ne l’aurais jamais écrit. Aujourd’hui, je te parle de ma famille, de ma vie avant jemecasse. Alors que je n’hésite pas à parler de mes états d’âmes et difficultés dans ma vie d’entrepreneure et dans ma ‘vie sans lundi’, je parle peu de ma famille, ou même de comment j’ai grandi. Pourtant, il y a quelques jours, je me suis sentie ‘appelée’ à partager ce texte avec toi.

On blâme beaucoup la société de nous faire suivre un « chemin tout tracé ». C’est moi-même une expression que j’emploie souvent.

C’est une manière facile de symboliser le fait que nous sommes nombreux à avoir choisi de nous laisser porter par le monde extérieur, et ce que l’on croit être ce qu’il attend de nous. Nous avons souvent fait cela plutôt que de prendre nos propres décisions.

Quand on dit : « c’est la faute du système », au fond on s’en veut de ne pas avoir affirmé plus tôt ce que l’on voulait vraiment.

Mon histoire est semblable à celle de nombreux d’entre vous. Et à la fois, elle est très différente.

Je parle beaucoup des similarités – car j’aime que l’on puisse s’identifier à mon expérience – mais je parle peu de la différence. Or c’est montrer que je suis aussi différente de vous que vous pouvez l’être du voisin qui me permet de prouver que ce que je partage peut s’appliquer à votre vie.

On est tous différents, et pourtant les événements nous affectent tous un peu de la même façon.

 

J’ai grandi dans une structure familiale bien éloignée de celle que l’on rencontre d’habitude.

Ma mère nous a élevés seule, mon frère, ma soeur et moi. Je suis l’aînée, avec sept ans d’écart avec ma jeune soeur. Jusque là, ce n’est pas si exceptionnel.

Mon père et ma mère ont été séparés quand j’avais 2 ans. J’ai longtemps cru que cette séparation m’avait beaucoup affectée. Aujourd’hui je sais que non. J’ai intégré, comme beaucoup de mes amis, le fait d’être ‘sans papa’ comme une réalité de plus de ma vie.

Ce que je me rappelle de ma maison, c’est le bruit. Ma mère travaillait beaucoup quand j’étais toute jeune. C’est moi qui m’occupais de mes frère et soeur. C’est aussi moi qui étais responsable de leur comportement et de la maison.

Ma mère était, et est jusqu’à aujourd’hui, en charge de mon oncle et de ma tante, qui sont tous les deux handicapés mentaux. Ma tante est aussi handicapée physiquement depuis peu – elle a peur de marcher. Je me rappelle comment s’est arrivé. Quand j’étais petite, elle marchait sans problème, mais peu à peu, elle avait peur d’aller trop loin, puis de mettre un pied devant l’autre. Elle est tombée une ou deux fois et au bout d’un moment n’a plus eu envie de se tenir debout. Depuis elle est en chaise roulante, et ses jambes sont trop faibles pour la tenir.

Une kinésithérapeute vient la voir régulièrement pour vérifier que tout va bien. Ma tante aime bavarder de sa chaise. Vous la trouverez souvent à la table de la salle à manger à trier de vieilles photos en répétant en son créole un peu cassé ce qu’elle a observé durant la journée.

Mon oncle, lui, il a la pêche ! Il passe la journée dans un centre spécialisé, et c’est une personne qui s’amuse bien. Il ne parle pas beaucoup – contrairement à sa soeur ! – mais il est plein d’amour.

Ma mère s’occupe vraiment bien d’eux. Elle les cajole, leur fait des câlins, leur fait des blagues. Elle les engueule un peu aussi. C’est comme ses grands enfants.

Sans elle, je ne sais pas du tout où ils en seraient, je n’aimerais pas l’imaginer.

Le jour où ma grand-mère est morte – j’avais huit ans – la responsabilité des deux est venue presqu’automatiquement à ma mère. Malgré sept frères et soeurs qui avaient les ressources et la stabilité qu’elle n’avait pas. Ce qu’elle avait, c’étaient l’amour et la force. Alors elle a accepté sans qu’on lui ait demandé. On a toujours des ressources que d’autres n’ont pas.

[bctt tweet=”On a toujours des ressources que d’autres n’ont pas.” username=”jemecassefr”]

Ma mère nous a répété qu’on devait vivre – parce qu’elle n’avait pas eu l’occasion de le faire comme elle l’avait souhaité. Elle aurait pu voyager, voir le monde, peut-être tomber amoureuse d’un capitaine de bâteau – mais avec trois enfants, et deux adultes à charge, on n’est pas toujours libre de ses mouvements.

D’aucuns diraient qu’elle s’est beaucoup sacrifiée. Mais je pense qu’elle a tout simplement choisi ses responsabilités. Je ne crois pas que ma mère aurait pu vivre avec elle-même si elle avait laissé la charge de son frère et de sa soeur à quelqu’un d’autre, même de la famille. Alor,s même si parfois je la sens triste et qu’il y a des choses qu’elle regrette, avoir choisi de rester s’occuper d’eux n’en fait pas partie.

Ainsi, ma mère ne nous a jamais bridés. Elle était plutôt sévère – surtout avec moi, mon frère et ma soeur s’en sont sortis avec bien moins de punitions. Ce n’était pas facile tous les jours, et Dieu sait que parfois on aurait aimé avoir une vie différente. Parfois elle parlait fort, et n’hésitait pas à nous remettre à notre place en public, quand nous faisions des caprices.

 

Cependant, jamais je n’ai entendu en grandissant : « tu rêves, tu ne peux pas faire ça, c’est impossible ».

Au contraire, encore aujourd’hui, à chaque fois que nous lui parlons d’une nouvelle aventure, elle nous enjoint de profiter de la vie. Elle nous rappelle qu’on est jeune, et qu’il faut vivre.

Je n’ai pas grandi dans une famille bourgeoise parisienne stricte, où les notes passaient avant tout, et où je n’avais pas droit à l’erreur. Je n’avais pas de grande soeur ou de grand frère dont je devais suivre les traces. Je n’avais PAS de chemin tout tracé.

Durant mon année de terminale, c’est à peine si je savais ce qu’était une grande école et qui était l’élite de la France.

Et pourtant, il était clair qu’il fallait « bien apprendre à l’école pour avoir un bon travail ». Ça, ma mère nous l’a beaucoup répété. Je n’avais simplement aucune idée de ce qu’était un BON
travail.

Il n’y a pas de mode d’emploi pour avoir un ‘bon’ travail ou une ‘belle’ vie.

Et c’est ça le piège. On croit qu’un tel guide existe, qu’en suivant ses règles et ses pistes, notre avenir sera assuré, sans qu’on coure le risque de se tromper. Or ce n’est pas le cas.
On croit que certains ont la réponse des choix à faire pour faire ‘bien’ et on tatonne en cherchant cette réponse autour de nous.

J’ai appris quelque chose : personne ne sait ce qu’il ‘faut’ faire. Tout le monde galère à créer sa propre vie.

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Ma scolarité s’est passée ainsi : en ignorant fermement tout ce que j’avais ‘envie’ de faire pour poursuivre la voie qui assurerait le mieux mes arrières !

Jusqu’à il y a quelques années, j’étais plutôt fière d’avoir suivi ce chemin-là. Il m’avait mené à un endroit dans lequel je n’aurais jamais rêvé avoir ma place. Un magnifique immeuble en verre au bord de la Tamise, dans le coeur de Londres, où les sièges étaient confortables et où le chocolat chaud coulait à flot.

J’étais très bonne élève. J’ai fait le parcours classique – j’ai choisi un Bac Scientifique alors que mon corps entier se tendait vers la filière littéraire.

En terminale j’ai découvert la philosophie, et j’étais fascinée par le métier de mon professeur : être payé à rester assis sur un bureau et à discuter de la vie, de l’humain, de pourquoi on agissait comme on le faisait. C’était fascinant et troublant. J’aimais me poser ces questions qui s’éloignaient du côté pratique des matières scientifiques. Après les maths et la physique, c’était là où j’avais mes meilleures notes.

J’avais toujours beaucoup lu. J’ai appris très tôt parce que, selon la légende, j’étais une enfant tellement turbulente que ma grand-mère exaspérée s’est mise dans l’idée de m’apprendre à lire pour que j’ai de quoi m’occuper. J’avais à peine trois ans. Je me rappelle encore du premier livre que j’ai lu. Je l’ai appris par coeur.

En Guadeloupe, là où j’ai grandi, les nouveaux livres c’était du luxe. Dieu, que ça coûtait cher !
Et pourtant la librairie est rapidement devenue un lieu familier. La librairie Jasor, à Pointe-à-Pitre, en particulier. Un jour ma mère m’y a perdue ! Je l’ai cherchée dans tous les rayons, à la fois inquiète, et rassurée parmi les bouquins. J’avais 6 ans et je l’ai retrouvée dans la rue à remuer les bras devant un policier !

Ainsi les livres, ça me connaissait. Mais j’avais passé assez de temps en classe pour établir que l’amour des livres ne pouvait mener à aucun métier ‘sérieux’, à part prof de littérature, et encore. Ceci dit, démembrer des oeuvres littéraires majeures n’avait vraiment pas d’intérêt pour moi.

D’un autre côté, discuter des livres et de mes compagnons êtres humains, ça c’était fascinant.

Évidemment, après mon bac S, j’ai poursuivi les études scientifiques dans l’une des prépa les plus côtées de Paris. ‘C’était la voie royale’, après tout.

Cette année de classe préparatoire était la pire année de ma vie, jusqu’à aujourd’hui. Je crois que je n’ai jamais pensé au suicide avant ce moment-là. Je crois que je n’avais jamais dit à personne que j’avais pensé au suicide dans ma vie avant aujourd’hui.

Je me rappelle ce jour particulièrement difficile où appuyée contre la porte de ma chambre minuscule, je me suis laissée glisser sur le sol, et j’ai pleuré, pleuré, pleuré. Pour la première fois de ma vie, je n’arrivais pas à quelque chose, et par conséquent, tout semblait fichu pour moi.

J’ai réfléchi à passer en prépa littéraire… mais j’ai finalement décidé contre. Le matraquage de cerveau, peu importe la matière, c’était fini pour moi.

J’aurais pu pivoter complètement à ce moment-là. C’était mon ouverture. C’était l’occas’. J’avais des raisons en béton.

 

J’aurais pu faire un virage à 180 degrés. Mais je ne l’ai pas fait.

J’aurais pu décider que ma vie, ce serait les livres et les mots. Mais au fond, j’avais encore envie d’essayer de m’approcher de cette vie fantasmée, dans laquelle tout serait subitement facile pour moi.
Je me sentais prête à aller à la pêche à ce ‘bon boulot’ qui me donnerait accès à la stabilité et à la sérénité que je n’avais peut-être pas eus en grandissant.

C’était ça la solution. Et une fois bien lancée dans cette voie, je pourrais juste la poursuivre tranquillement, « vivre », sans me demander ce que cela voulait vraiment dire.

17 ans, c’est beaucoup trop jeune pour décider de ce que l’on va faire de sa vie.

[bctt tweet=”17 ans, c’est beaucoup trop jeune pour décider de ce que l’on va faire de sa vie.” username=”jemecassefr”]

Je me rends compte que j’ai avancé avec beaucoup d’informations erronées. Et ce n’est que près de 10 ans plus tard que j’ai pu admettre ce que je voulais vraiment.

Est-ce que les années de sortie de l’adolescence sont un rite de passage, le moment où on grandit vraiment ?

Si l’école nous apprenait plus tôt à identifier nos envies et nos désirs, je suis certaine que nous profiterions davantage de nos précieuses années, et que le monde autour de nous s’en porterait mieux.

J’ai entamé des études en économie et en finances. Et la question était toujours la même : quel était le moyen le plus certain d’avoir une vie paisible, stable, tranquille ? De gagner de l’argent confortablement, et régulièrement ?

C’était la mauvaise question.

La notion de plaisir au travail m’était complètement étrangère. Un travail c’était un travail. Si tout le monde le faisait, cela ne pouvait pas être aussi horrible que ça.

Pendant mes études, j’ai très peu pensé à l’après. Aux cinquante ans de ma vie qui suivraient l’obtention de mon diplôme…

 

Je ne suis pas convaincue que la société nous pousse vers un chemin.

Au sortir des études, on est tellement paumés, tellement peu conscients des possibilités que l’on va vers ce qui semble le ‘moins pire’ et on se dit qu’on verra bien ce que cela donne ensuite. « The path of least resistance » comme on le qualifie dans les milieux anglo-saxons. Le chemin de moindre résistance.

 

 

En relisant ces mots, je suis émue. Mais j’ai la conviction que c’est important que vous sachiez : nous avons chacun eu des expériences différentes, des vies différentes, et pourtant, beaucoup d’entre nous ont couru après le fantasme qu’il existait un chemin de vie sur lequel on pourrait juste sauter, s’élancer et avancer tranquillement.

Beaucoup d’entre nous ont cru que malgré tout ce qui a pu nous arriver par le passé, il existait un chemin pavé de pierres magiques sur lequel, subitement, tout irait bien.

Ce chemin n’existe pas. Nous l’avons pour la plupart, imaginé.

Là où vous en êtes aujourd’hui est le fruit d’une série de décisions, prises plus ou moins en conscience, prises plus ou moins en fonction de vos envies, et de ce que vous voulez vraiment.

Rien dans mon passé ne m’a prédisposé à être “Lyvia de Jemecasse.fr”. Pas la façon dont j’ai grandi, pas mes études, pas mon premier job, pas même mon entourage ou mes amis. Le monde extérieur ne m’a pas porté dans cette direction.

Alors comment j’en suis arrivée là ?

Eh bien en prenant conscience qu’il n’y a pas de chemin meilleur que celui que je peux dessiner pour moi-même. Que finalement, c’est entre mes mains qu’est mon destin, et que la façon dont va se dérouler le reste de ma vie dépend, non pas de ce que voudrait le monde extérieur, mais de ce qui se passe à l’intérieur de moi, et de comment je choisis de traiter les informations que mon intuition, mon inspiration, me donnent.

Construire son propre chemin est très difficile, car on croit toujours qu’il y a un ‘meilleur’ moyen, ou que ‘notre’ façon n’est pas la meilleure façon. Or il n’y a que sur votre propre façon que vous pouvez compter. Tout le reste n’est que mirage.

C’est en écoutant nos envies profondes, en prenant des décisions qui sont en phase avec nos valeurs, en prenant soin de nous, en nous faisant passer en premier, en choisissant la créativité, la vie, les expériences qui nous font vibrer, au delà de la peur – c’est ainsi qu’on peut accéder à ce qu’on veut, et trouver la force et le courage de le faire (réussir, en somme !)

Et ça, on ne nous l’a pas vraiment appris. On a souvent dû l’apprendre à coup de déceptions, et de désillusions.

Le chemin tout tracé, il est dans votre tête, il n’existe pas. C’est vous qui dessinez celui qui se déroule sous vos pieds. Peu importe votre passé, peu importe votre réalité actuelle, vous avez toujours le pouvoir de décider. Et décider, ça se passe à l’intérieur de nous, pas à l’extérieur de nous. On peut le faire, par la force de notre courage, de notre conviction, de notre patience même.

Finalement, chaque pas sur le chemin est fait par la force de notre propre esprit, et ce qu’il transmet à nos membres pour avancer dans telle ou telle direction.
Le tout, c’est que ce soit fluide à l’intérieur et que l’information passe entre les deux – notre tête et notre corps – avec le plus de clarté possible.

Comme vous le savez, j’ai décidé de ne pas enseigner la technique de ‘comment’ faire pour construire votre activité, ou ‘la vie qui vous ressemble’. Je pense que vous trouverez ces réponses ailleurs, de très bonnes sources, en temps voulu.

J’ai décidé de me consacrer à étudier ce qui m’a permis moi-même d’avancer et d’arriver à ce stade de ma vie aujourd’hui : ce qui n’est pas visible, ce qui se passe à l’intérieur, ce qui se passe dans nos têtes, nos corps, nos ventres et qui nous donnent l’information sur la direction à prendre – l’état d’esprit, la façon dont nos pensées déterminent nos actes, ce qui peut les parasiter, et comment se débarrasser de ces parasites. J’étudie aussi la créativité, et ce qui fait que malgré l’envie, le flux créatif peut être bloqué.

Je trouve fascinant ce que l’on peut créer par la force de nos décisions, en allant au delà de la peur.

C’est pourquoi j’ai décidé de créer l’Académie des Possibles, un programme d’accompagnement en ligne pour ceux et celles d’entre vous qui ne veulent plus être paralysés dans le développement de leur activité, qui veulent pouvoir prendre des décisions avec clarté, et avancer sur un chemin qu’ils auront eux-même tracé.

L’Académie des Possibles a maintenant ouvert ses portes. Tu peux découvrir le programme en cliquant ici.

Merci de me lire 😉

 

vague-tiret

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Écrivain, coach en relations et en sexualité, spécialisée en soin des traumas.
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